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qu’il suffisoit de placer à terre dès qu’on la voyoit paroître. Cette personne qui vit encore, est légère, badine, du caractère le plus gai, mais le plus inconstant. On lui entend dire souvent, que ses entrailles tressaillent à la vue d’une chèvre. Si on avoit plusieurs exemples semblables, on pourroit décider jusqu’à quel point les alimens influent sur le moral comme sur le physique.

§. II. De la Génération.

I. Des qualités du Bouc & de la Chèvre destinés à la propagation. Un bouc propre à la réproduction de son espèce, doit être de bonne figure, c’est-à-dire, avoir la taille grande, le col court & charnu, la tête légère, les oreilles pendantes, les cuisses grosses, les jambes fermes, le poil épais & doux, la barbe longue & bien garnie, & de l’âge de trois ans jusqu’à sept.

Quant au choix de la chèvre, celle dont le corps est grand, la croupe large, les cuisses fournies, la démarche légère, les mamelles grosses, le pis long, le poil doux & épais, est réputée la meilleure.

II. Le bouc peut engendrer à un an, & la chèvre dès l’âge de huit mois ; mais les fruits de cette génération précoce sont foibles & défectueux, & l’on doit attendre ordinairement, que l’un & l’autre aient atteint au moins l’âge de deux ans. Le bouc est un animal très-vigoureux & très-chaud. Un seul peut suffire à cent cinquante chèvres pendant trois mois ; mais cette ardeur qui le consume, ne dure que trois ou quatre ans, au bout desquels il se trouve ruiné.

III. De l’accouplement. La chèvre cherche le mâle avec empressement. Elle s’accouple avec ardeur, & est ordinairement en chaleur aux mois de Septembre, Octobre & Novembre ; elle retient plus surement en automne, & l’on doit préférer même les mois d’Octobre & de Novembre, parce qu’il est bon que les jeunes chevreaux trouvent de l’herbe tendre lorsqu’ils commencent à paître pour la première fois.

IV. La chèvre porte cinq mois, & met bas au commencement du sixième. On lui donne ordinairement du bon foin, quelques jours avant qu’elle chevrote, & quelques jours après. Il faut prendre garde de ne point la laisser souffrir de soif pendant le tems qu’elle porte.

Il est essentiel de l’aider dans l’accouchement, qui est presque toujours laborieux. Les douleurs qu’elle souffre en mettant bas, la font souvent périr, quand on néglige de lui prêter du secours. Ces douleurs sont l’effet des efforts que fait cet animal, & de l’irritation de la matrice. Il arrive de-là, que ce viscère s’enfle, & que l’arrière-faix ne suit pas le chevreau. Dans ce cas, il faut lui faire avaler un bon verre de vin, la tenir bien chaudement, & lui bassiner la vulve avec une décoction de feuilles de mauve, de bouillon blanc, ou de toute autre plante émolliente, afin de relâcher les parties, & de prévenir l’inflammation.

§. III. Du sevrage du Chevreau ; de la castration.

I. Quand le chevreau est né, la chèvre doit l’allaiter pendant un