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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/461

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dès l’automne, sur-tout lorsque cette saison a été assez chaude. Durant l’hiver, où toute végétation paroît suspendue extérieurement, la nature ne l’est pas ; toujours animée, elle ne ralentit pas un instant les opérations, & c’est justement dans ce tems apparent de langueur & d’inertie, qu’elle travaille, pour ainsi dire, en cachette à la formation des différentes parties des fleurs qui doivent s’épanouir & se féconder au printems. (Voyez le mot Fleur)

V. Distinction du bouton à bois & du bouton à fruit. On distingue deux espèces de boutons, l’un qui ne doit donner naissance qu’à une branche, & que l’on nomme pour cette raison, bouton à bois (Fig. 23) ; il ne contient qu’une tige ligneuse surmontée de plusieurs feuilles enroulées & diversement repliées, le tout enveloppé d’écailles : l’autre, qui renferme les rudimens d’une ou de plusieurs fleurs concentrées & repliées sur elles-mêmes, est appelle bouton à fleur ou à fruit (Fig. 24). Dans plusieurs espèces d’arbres, le bouton est en même tems à fleur & à feuilles ; assez ordinairement leur forme extérieure sert à les faire distinguer ; les boutons à fleur sont communément plus gros & plus arrondis que les boutons à feuilles, qui sont presque toujours assez pointus. Au reste, les yeux bien exercés & habitués à voir, valent mieux que tous les préceptes que nous pourrions donner. Les boutons des arbres stériles ont à peu près les mêmes caractères distinctifs que ceux des arbres fruitiers, à l’exception de ceux qui n’ont ni bourre, ni écailles, & qui ne sont recouverts que par des feuilles repliées. Les boutons des arbres de simple ornement sont ordinairement fort petits, & il n’est pas facile de distinguer ceux qui produiront des feuilles ou des fleurs. Dans la vigne, au contraire, ils sont tous gros & saillans, mais il n’en est pas moins difficile de connoître ceux qui ne doivent donner que du bois, d’avec les autres.

Les plantes annuelles n’ont point de boutons ; celles qui ne sont vivaces que par leur racine, n’en portent point sur leur tige, mais seulement sur leur racine ; & dans le nombre de celles qui conservent leurs tiges durant l’hiver, quelques-unes en sont dépourvues, telles que la rue, le bec de grue, &c. & parmi les arbustes, la bourdene, l’alaterne, &c. mais toutes les autres plantes vivaces, & en général les arbres & arbrisseaux, sont garnis de boutons.

Les cayeux & les oignons sont de vrais boutons, comme l’a remarqué Grew : nous le ferons voir à l’article Bulbe. (Voyez ce mot)

Section II.

Du bouton à bois.

Le bouton à bois qui est chargé de la réproduction des branches, porte dans son sein le germe d’une tige ; c’est un petit arbre enté sur celui qui le produit, & qui est absolument composé des mêmes parties : pour être convaincu de cette vérité, il suffit de faire exactement l’anatomie d’un bouton à bois. Comme il y a peu de variété entre eux, on comprendra facilement l’organisation de tous par un seul. Suivons, avec M. Duhamel, l’anatomie d’un bouton à bois du marron-