Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/463

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soient sortir de la moelle. La petitesse des parties qui composent le bouton, a empêché M. Duhamel de pousser ses observations plus loin. J’ai fait de nouveaux efforts, & j’ai essayé de développer le bouton bien au-delà du travail de cet illustre physicien ; j’ai réussi en partie, mais je n’ai jamais rencontré que ces mêmes petites feuilles qui se recouvroient toujours, & qui à la fin devenoient si petites, qu’elles échappoient au microscope.

La description du bouton du pin est trop intéressante pour que nous la passions sous silence, & nous l’emprunterons au baron de Tschoudi.

Les boutons des pins sont constamment placés au bout de la branche, comme nous l’avons fait remarquer ; celui qui la termine est robuste & fort long ; il est environné circulairement & régulièrement de boutons moins considérables, qui sont entremêlés de plus petits. Tous sont couverts d’une enveloppe membraneuse semblable à une gaine. Qu’on ouvre cette gaine, on apperçoit d’abord le bourgeon herbacé qu’elle renferme ; elle est composée de plusieurs pièces cylindriques ajustées les unes dans les autres ; ainsi elles se prêtent à l’alongement du bourgeon qui en demeure couvert jusqu’à ce qu’il ait environ deux pouces de longueur : alors il s’échappe par le bout de la gaine qui reste ensuite longtems fixée autour de la partie inférieure. Dès ce moment ses progrès sont d’une étonnante rapidité ; lorsqu’il a fait sa crue en longueur seulement, il commence à grossir d’une manière sensible : à cette époque, ses feuilles courtes & tendres, qui jusques-là étoient restées collées contre le bourgeon, se confondent, se développent & s’étendent. Long-tems auparavant on a pu remarquer, au bout de cette tendre branche, l’assortiment de boutons qui la termine, & où la symétrie & le nombre de celles qui doivent éclorre l’année suivante sont déjà déterminés.

À mesure que le bouton croît, toutes ces parties se développent ; les écailles s’écartent & s’inclinent à l’horizon, les feuillets & les poils s’étendent, les vraies feuilles, les stables se déroulent, les caduques les accompagnent quelque tems, la petite tige ligneuse renfermée au centre du bouton, croît, prend de la consistance & s’élève à travers toutes ces enveloppes. En écartant enfin tous ces obstacles, la nouvelle branche paroît chargée de feuilles ; & le but de la nature étant rempli, tout ce qui n’étoit qu’accessoire tombe.

Ce seroit sans doute ici le lieu de donner le détail du roulement des feuilles dans le bouton, de leur croissance & de la variation de forme que la plupart subissent tant qu’elles y sont renfermées ; mais ces détails nous mèneroient trop loin, & nous les renvoyons au mot Feuille.

Avant que de passer au bouton à fleur, ne négligeons pas de remarquer l’analogie qui se trouve entre le bouton à bois & la graine : l’un & l’autre renferment la plante en petit, en racourci ; mais ce qui doit les faire aussi distinguer, c’est que le bouton à bois n’a pas de vraies racines, & qu’il ne renferme pas, par conséquent, la radicule, comme la