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utiles ; mais comment se procurer sans beaucoup de frais, de pareils engrais, sinon à la porte des grandes villes ? On y vend les cornes pour le service des arts, & les bouchers ont grand soin de vendre les os avec la viande. À Paris, pour faire le poids, on ajoute un os, & on l’appelle réjouissance.

Après avoir parlé des différentes manières de planter pour tous les terrains, examinons à quels lignes on connoît une bonne patte d’asperge, car les jardiniers ne se font aucun scrupule de vendre même jusqu’au rebut de la pépinière.

Du plant d’asperge. M. Fillassier exige qu’il n’ait qu’un an, ou dix-huit mois tout au plus ; s’il passe cet âge, s’il a vu deux hivers en pépinière, il reprend avec moins de facilité, & est plus sujet à dégénérer ; ce qui n’est pas encore bien prouvé par l’expérience. M. Mallet, au contraire, exige un plant de deux ans, & il a raison.

On reconnoîtra qu’il a été trop serré dans la pépinière, si les racines sont effilées. Les racines doivent être presque égales en grosseur, en longueur, bien nourries & sans taches ; leur couleur d’un gris blanc, & non pas jaune ; l’œil gros, vigoureux.

Plus il sera tiré récemment de terre, plus la reprise sera facile. La manière de le lever n’est point arbitraire. Ayez de grandes balles ou de grands paniers, dont le fond soit garni avec de la mousse ; placez ensuite les plants d’asperge les uns à côté des autres, sans mélanger les racines, & continuez ainsi jusqu’à six pouces de hauteur. Alors, ajoutez un nouveau lit de mousse de quatre à six pouces ; continuez lit par lit jusqu’à ce que le panier soit plein, & recouvrez avec de la paille, sur laquelle on entrelace de la ficelle. Cette dernière opération ne s’exécutera que lorsque le tout se sera un peu tassé par son propre poids. Les plants peuvent voyager de cette manière sans craindre aucun dommage.

Lorsque vous demanderez des plants aux pépiniéristes, prévenez-les que vous rejetterez toutes les pattes dont les racines seront effilées, celles qui seront brisées, dont l’œil sera endommagé ou aura une couleur livide. Sans ces précautions, vous risquez d’avoir du mauvais plant & mal conditionné pour la route.

VI. De la conduite de l’aspergerie. La tenir parfaitement sarclée, ne jamais marcher sur les planches, sous quelque prétexte que ce soit, sont deux conditions essentielles pour tout le tems que subsistera l’aspergerie. On sarclera avec la main autour des plantes, de peur que le piochon ou la binette n’endommage la tige ou la racine.

L’aspergerie demande des soins particuliers pendant les trois premières années ; ceux des deux premières sont à peu près les mêmes.

Donner souvent de petits labours à la superficie du terrain, & même tous les mois, c’est fournir à la plante un moyen efficace pour sa végétation.

Lorsque le plant est parvenu à un pied de hauteur, on coupe à ras de terre sur chaque plante, la tige la plus forte, afin de déterminer le reflux de subsistance vers les racines. À la fin de Septembre, couper toutes les tiges, & ne leur laisser