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lir dans l’eau assez longtems pour les réduire en pâte, on aura une eau qui donne au bois la couleur du bois de noyer, & aux carreaux d’une chambre une couleur brune, qui tient très-bien sur tous les deux : il faut passer de la cire & frotter pour leur donner le luisant. Les teinturiers emploient le brou de noix dans les couleurs brunes & communes.


BROUETTE. On doit au célèbre Pascal l’invention de cette espèce de voiture si simple, si économique & si expéditive : cependant elle est, pour ainsi dire, inconnue dans la majeure partie de nos provinces méridionales.

La brouette, (Pl. 17, Fig. 1,) est composée d’une seule roue A, dont le moyeu B est en olive alongée par les deux bouts. On plante les rais C dans le plus épais de l’olive, qui se trouve être le milieu, & elles sont plantées droites ; quatre jantes forment la roue, qui pour l’ordinaire n’est point ferrée : cette roue a environ un pied & demi de diamètre. On fait deux limons ou brancards D D, de cinq pieds à cinq pieds & demi de longueur, & un peu cambrés ; on les assemble à deux pieds environ l’un de l’autre, par deux ou trois barres d’enfonçures, dont on voit les bouts en E E E ; on y ajoute deux pieds F F ; un des bouts de chaque limon destiné à être pris par l’homme, a une broche ou crochet G G, pour empêcher qu’il ne glisse de la main ; l’autre bout de chacun est percé d’un trou de tarrière H. On doit passer l’essieu à travers ces deux trous. Cet essieu n’est autre chose qu’une tringle ou cheville de fer, terminée d’un bout par une tête ronde, & de l’autre par une fente dans laquelle on fait entrer une clavette quand l’essieu est en place, de peur qu’il n’en sorte. Quand on veut monter la brouette, il suffit d’enfiler avec l’essieu les limons & le moyeu de la roue qui doit remplir l’intervalle entre les deux limons, & poser la clavette de fer.

On construit le surplus suivant l’usage auquel on dessine cette voiture. Si on veut, par exemple, transporter du sable ou de la terre, &c. on cloue sur les barres E E E, un fond de planche O, & sur chaque limon, un côté ou joue de planche N N. Le fond O, se nomme enfonçure ; on élève une autre enfonçure en face de la roue, qu’on nomme l’enfonçure de devant ; on la termine en haut par une pièce de bois plus épaisse & taillée en rabattant par les deux bouts supérieurs ; on la nomme le frontier P ; & pour soutenir, soit cet assemblage, soit les côtés, on fait entrer à chaque bout de longues chevilles de bois, savoir une en Q, qui coule le long du bout des joues, & l’autre en R, en arc-boutant ; on enfonce ces chevilles dans les limons. La cheville R, prenant du plat du frontier par devant, l’étaie & le soutient, ce qui est absolument nécessaire ; car le devant doit supporter principalement la charge qu’on met dans la brouette. Les planches d’à-côté qu’on a établies sur chaque limon, sont maintenues par une barre S, implantée dans le limon.

Cette brouette est fermée de trois côtés, afin que ce qu’on y met ne se répande pas ; mais si on veut voi-