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On peut aussi conclure des épreuves citées, qu’on pourroit, dans les grandes entreprises, avoir ces deux espèces de brouettes en nombre égal.

La décharge des nouvelles brouettes se fait d’un coup de main. Le manœuvre étant arrivé à la crête du remblai, appuie les genoux sur la traverse de devant, pour être en force ; il lève des deux mains le derrière de la caisse pour la faire basculer, le moindre effort suffit pour cela ; les terres coulent naturellement en remblai, sans qu’il soit besoin de régulateur : il remet la caisse dans son premier état, sans quitter sa position, & s’en retourne. Tout cela est beaucoup plus expéditif & commode, que de décharger cette brouette par le côté ; on ne fait d’ailleurs aucun effort qui tende à sa destruction ; la partie antérieure des roues retient le fond de la caisse, & l’empêche de se renverser en entier.

Les roues sont toujours à couvert ; elles sont construites bien plus solidement que les autres. Les quatre rayons sont de deux pièces qui traversent l’essieu dans lequel ils sont assemblés à mi-bois, & dont les deux extrémités seulement portent & roulent dans les brancards, afin que les frottemens soient moindres.

Les deux petits tourrillons qui servent de bascule à la caisse, sont de fer ; ils sont également reçus dans les brancards, sont soudés & attachés le long du parement intérieur ; & sous le fond de la caisse, avec des cloux moyens de plancher, rivés de l’autre côté.

Les brancards sont solidement assemblés par trois traverses qui fournissent cinq tenons passant de chaque côté, que l’on arrête solidement au dehors par une cheville de bois. Les deux traverses sous la caisse servent en même tems à la supporter, & celle du milieu en retient aussi le fond par une entaille ou redan pratiqué dans toute sa longueur entre les deux brancards.

On remarque que le fond de la caisse est beaucoup incliné du côté de la puissance, lorsque la brouette est posée sur ses pieds. Cette inclinaison est essentielle & ne peut être trop grande, afin que lorsque le manœuvre roule les terrasses, même dans les plus fortes pentes, le fond de la caisse soit encore un peu incliné du côté de la puissance, pour retenir les terres, les empêcher de retomber sur le devant, & de se décharger en chemin avant d’être arrivées à leur destination.

On a donné un pied de profondeur à la caisse, dans le fond insensiblement réduit à neuf pouces, à la naissance de la courbe qui termine ses côtés : cette construction la rend un peu plus pesante sur le derrière ; & cette pesanteur, jointe à son inclination, fait que lorsque le manœuvre la ramène après la décharge, elle se maintient solidement sur les traverses qui la soutiennent, sans faire aucun mouvement qui tendroit à la faire basculer. On a encore à craindre cet inconvénient pour le transport des terrasses, parce qu’alors les terres étant jetées, & se ramassant en plus grande quantité sur le derrière que sur le devant, comme on le fait, par exemple, pour les tombereaux, le centre de gravité du poids se trouve