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brouette, à dix pouces de distance (Fig. 5) de milieu en milieu, sous la caisse à bascule. Cet éloignement des roues suffit pour aider un manœuvre à maintenir avec facilité le déversement que les petites inégalités du terrain pourroient occasionner.

Il est mieux aussi de donner quatre pieds & demi de longueur au brancard de cette seconde brouette, au lieu de trois pieds & demi qu’on a donnés à ceux de la première, ce qui ne change en rien les dispositions du corps de ces brouettes, comme on peut le voir, (Fig. 4) où ce ralongement D est supposé.

La charge des brouettes ordinaires, dans un travail continué du matin au soir, est d’un pied cube de terre ; le manœuvre le plus fort n’y résisteroit pas si on le chargeoit davantage : la charge d’une brouette à bascule à une roue, peut être régulièrement d’un pied & demi cube ; & suivant les essais que M. Munier a faits, le même manœuvre roule plus aisément cette charge dans toutes sortes de chemins, soit en plaine, soit en montant, & à plus forte raison en descendant, qu’il ne fait un pied cube, avec la première ; d’où cette brouette augmente le transport d’un tiers dans le même tems, & dans toutes sortes de circonstances.

Si l’on compare à présent la nouvelle brouette à bascule à deux roues avec l’ancienne, il suit des mêmes épreuves, que dans un mauvais chemin qui seroit raboteux, en plaine, ou en montant, ou dans lequel il y auroit de la boue ou terres mouvantes, dans lesquelles les roues enfonceroient de trois à quatre pouces, la première n’auroit aucun avantage sur la seconde, parce que l’augmentation des frottemens dans une, lors du roulage, équivaut à la charge que le manœuvre est obligé de porter sur ses bras dans l’autre. M. Munier a fait charger la brouette à deux roues de deux pieds cubes de terre ; le manœuvre la rouloit dans les chemins, mais sans rien porter, sans éprouver aucun balancement, au lieu que le déversement dans la brouette à bascule & à une roue, devenoit difficile à soutenir, ce qui fait qu’on limite la charge, pour tous les cas, seulement à un pied & demi cube. M. Munier a fait ensuite charger l’ancienne brouette de deux pieds cubes des mêmes terres ; elle rouloit aisément sans qu’il fût même beaucoup nécessaire de la pousser ; mais le manœuvre n’en portoit pas moins un poids d’environ cent livres sur les bras, ce qui le fatiguoit extrêmement, & rendoit le transport insoutenable. L’avantage de porter très-peu de chose, rend la charge de deux pieds cubes de terre aussi facile à rouler en descendant, avec la brouette à deux roues, que celle d’un pied cube avec l’ancienne ; d’où il suit que l’une double le transport de l’autre dans le même tems ; mais afin de charger deux pieds cubes de terre dans cette brouette, il faut en augmenter la caisse, en la faisant un peu plus large que celle de la brouette à bascule à une roue ; c’est pourquoi on a espacé les brancards de la brouette à deux roues, (Fig. 5) de deux pieds dans œuvre, à l’endroit où l’essieu est réduit à dix-huit pouces, à l’extrémité de la caisse du côté de la puissance.