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péramens bilieux & sanguins. Le mieux est de n’en faire aucun usage.

M. Morand, docteur en médecine, & de l’académie des sciences de Paris, compare avec raison la racine de bryone avec celle du manioque ou cassave, dont on nourrit les nègres dans toutes les îles de l’Amérique. Tant que ces deux plantes ne sont pas privées de leur eau de végétation, elles sont un poison très-actif, sur-tout l’eau du manioque ; & l’eau de la bryone le seroit également, ou agiroit comme les poisons, en corrodant, en enflammant, si on la donnoit à une dose un peu forte. La cassave bien desséchée, ensuite bien lavée & pilée, fournit une nourriture très-saine. Il en est ainsi de la bryone. Dans le tems de disette, comme le remarque l’ami du peuple, M. Parmentier, on pourroit y avoir recours, & M. Baumé voudroit que les amidoniers en fissent usage pour la poudre, à la place de la partie amilacée du blé. Elle serviroit encore à faire de la colle à l’usage des cordonniers, des tisserands, des relieurs de livres, & à une infinité d’autres artisans. On doit certainement applaudir aux vues économiques de ces savans ; & il seroit facile de multiplier cette plante le long des haies, dans les broussailles, parce qu’il lui faut des supports pour étendre ses tiges. Tous les deux ans on en feroit la récolte, & la grosseur de sa racine & la quantité d’amidon qu’elle contient, dédommageroient amplement des petits frais de main-d’œuvre.


BUBON, Médecine rurale. On donne le nom de bubon, à une tumeur qui vient dans l’aine, au col, aux oreilles, dans les aisselles, &c. accompagnée de chaleur & de battement. Il existe des bubons de nature différente : les uns naissent dans la peste, dans les fièvres malignes ; les autres dans les maladies vénériennes. Il faut bien se garder de confondre une descente avec un bubon ; le bubon est un abcès, & la descente est formée par une portion des intestins qui sont descendus dans l’aine. La première tumeur, le bubon, est dure, ronde & égale au toucher dans sa circonférence ; la descente est quelquefois inégale & ovale ; en faisant coucher le malade sur le dos, les jambes élevées, la tumeur rentre dans le ventre & disparoît : dans le bubon elle ne rentre pas. Dans l’âge de puberté, les glandes des aines se gonflent, & il ne faut aucun remède ; il faut laisser à la nature le soin de développer toutes les forces de cet âge.

Les bubons qui viennent soit aux aines, au col & aux aisselles, &c. dans les fièvres malignes, paroissent ordinairement le onzième jour de la maladie. (Voyez chacune de ces maladies, où nous nous étendrons particulièrement sur ces objets). Il suffit, dans cet article, d’indiquer les différentes espèces de bubons, afin qu’on ne les confonde pas les uns avec les autres. M. B.


Bubon, Médecine Vétérinaire. S’il survient aux glandes inguinales du bœuf & du cheval, une tumeur, ronde ou ovale, phlegmoneuse, accompagnée de chaleur, de dou-