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leur, circonscrite & rénitente, on l’appelle bubon. Il en est de deux espèces : le bubon simple, & le pestilentiel.

Le bœuf & le cheval sont exposés au bubon, à la suite d’une transpiration ou d’une sueur arrêtée, du long séjour dans des écuries ou des étables humides & mal-propres, & par une disposition naturelle à cette maladie. L’animal boite tout bas, en écartant la jambe. On ne doit point être surpris de cet accident, lorsque l’on considère qu’il y a une affection dans les muscles du bas-ventre & leurs aponévroses, les tendons des muscles fléchisseurs de la cuisse, les nerfs & les vaisseaux qui vont se distribuer à la cuisse, à la jambe & au pied.

Il faut bien se garder de confondre le bubon simple avec le gonflement des glandes inguinales produit par le farcin. (voyez Farcin) Celui-ci exige un traitement propre au virus farcineux, tandis que l’autre demande d’être conduit à suppuration, par les cataplasmes d’oignons de lys, de levain & d’onguent basilicum. La suppuration, bien loin de porter préjudice, est toujours plus avantageuse que la résolution. L’ouverture de l’abcès ne doit se faire que lorsque le pus a détruit une partie de la glande, ou plutôt dissipé les duretés de la tumeur. Ceux qui s’empressent d’ouvrir l’abcès dès qu’ils s’apperçoivent de la moindre fluctuation, s’exposent à faire naître des ulcères fistuleux, ou à laisser des duretés qui ne cèdent pas toujours aux détersifs les plus forts ; on panse la plaie avec l’onguent digestif, jusqu’à parfaite cicatrice ; on l’anime même avec un peu d’eau-de-vie ; ou la teinture d’aloès, si la suppuration est trop abondante & les chairs trop lâches.

Les fièvres malignes ou pestilentielles des animaux, se terminent souvent par des bubons de la seconde espèce. La tumeur est circonscrite, dure, douloureuse ; elle attaque différentes parties du corps, mais particuliérement les glandes inguinales ; elle est lente à se terminer par la résolution ou par la suppuration, & d’une nature contagieuse.

Les principes qui déterminent le bubon pestilentiel, sont les mêmes que ceux qui peuvent produire la peste. (Voyez Peste) Les accidens qui l’accompagnent sont plus ou moins graves, selon la qualité du virus ; mais quels qu’ils soient, l’animal est toujours triste, les fonctions vitales, musculaires & digestives sont troublées, souvent la tumeur disparoît pour se montrer sur une autre partie du corps ; quelquefois elle tombe en suppuration, & rarement la résolution opère la guérison ; c’est donc au vétérinaire expérimenté à choisir la meilleure méthode.

La saignée doit être proscrite dans le bubon pestilentiel ; on s’expose, en la pratiquant, à voir les forces vitales diminuer, & la tumeur disparoître : les purgatifs produisent le même effet, parce qu’en évacuant en grande quantité les matières fécales, & en entraînant toujours avec elles des sucs nourriciers, ils déterminent la matière du bubon à se porter en dedans & sur des parties essentielles à la vie.