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année ce qu’il y a eu de défectueux dans les premières.

Lorsque la partie inférieure, soit des branches-mères, soit des premiers Y, est forte, vigoureuse, on supprime les cerceaux ; mais on les conserve toujours dans la partie supérieure, afin de donner une bonne direction à toutes les branches en Y.

On est assuré, en suivant cette méthode, de donner au buisson la forme la plus gracieuse, de n’avoir presque jamais de gourmands, parce qu’il ne se trouve plus de canal direct de la sève, qui l’emporte toujours aux extrémités des branches perpendiculaires ; enfin, on peut donner à ce buisson le diamètre qu’on desire, ainsi que l’épaisseur tout autour des branches.

Le buisson le plus parfait est celui dont toutes les branches conservent entr’elles une proportion régulière, soit pour la grosseur, soit pour la longueur, soit pour la manière d’être placées. Il faut que l’arbre soit garni par-tout également & sans confusion, que les fruits soient par-tout exposés au courant d’air & à l’influence du soleil ; enfin, que le contour ait peu d’épaisseur, mais une épaisseur égale, sur-tout la surface, soit intérieure, soit extérieure.

J’ai dit qu’il falloit qu’il existât une proportion entre la grosseur des branches & entre la longueur. Il est certain, par exemple, que si pour former un arbre en buisson, on prend quatre branches de grosseur inégale ; que si on les taille à la même longueur, il est constant qu’en considérant l’arbre ainsi taillé pendant l’hiver, son défaut capital ne frappera pas la vue comme dans l’été ; on verra l’ordre symétrique de ces branches ; & celui qui ne prévoit pas la suite sera satisfait. Mais l’homme accoutumé à observer, portera un jugement bien différent, & il dira : soyez assuré que lorsque la végétation commencera, les boutons de la branche la plus forte, pousseront des bourgeons plus forts que ceux de la seconde branche moins grosse, & ainsi de suite pour toutes les autres ; de sorte que la force de l’arbre se jettera toute d’un côté, & la branche la plus foible restera toujours telle, & même ne croîtra pas dans la même proportion que les autres. Que faire dans pareil cas ? c’est de ravaler les branches trop fortes, de les couper à deux ou trois yeux s’il le faut, afin que les bourgeons qu’elles pousseront se trouvent en équilibre avec les branches foibles. Sans cet équilibre, sans cette harmonie, sans cette distribution égale de la sève, les racines se multiplient plus d’un côté, la quantité de sève y augmente, & ce côté dévore, si je puis m’exprimer ainsi, l’autre qui s’appauvrit successivement, & finit par se dégarnir & devenir nul. Pour se convaincre de cette vérité, il suffit de jeter les yeux sur des arbres taillés en buisson, mal pris dans leur principe, ou mal conduits dans les suites.

En suivant les principes que je viens d’établir je suis parvenu à former de jolis buissons, non-seulement avec les poiriers, les pommiers, les cerisiers, les coignassiers, mais encore avec des pê-