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l’air à la plante. On doit aussi le changer autant de fois qu’il est mouillé ou couvert de neige. Il faut par conséquent en avoir une bonne provision. De deux en deux jours on coupe les bonnes tiges, & on les fait reverdir, comme il a été dit plus haut. »

» Quinze jours après on change encore les réchauts, & on continue de quinzaine en quinzaine, tant qu’on cueille du fruit. Il faut prendre garde qu’il ne brûle pas par trop de chaleur ; à quoi il est particuliérement sujet dans les mois de Novembre & de Décembre, lorsqu’il survient des pluies chaudes, ou même après quelques petites gelées qui concentrent la chaleur. Au moindre danger, il faut donner de l’air aux plantes, en levant le fumier de distance en distance. »

» Il y a des particuliers qui couvrent les planches entières avec des cloches ; l’embarras égale la dépense. Les planches ainsi préparées & gouvernées, donnent du fruit pendant six semaines ou deux mois. »

» On observera, pour la première fois qu’on réchauffera ces planches, de ne couper le fruit que pendant trois semaines environ. On les épuiseroit d’en tirer davantage. »

Je regretterois le tems employé à transcrire ces deux méthodes, si je ne respectois la loi imposée, de faire connoître tout ce qui a été dit sur un sujet ; & ceux qui aiment les légumes & les fruits forcés, ne me pardonneroient pas de les avoir passés sous silence.

VII. Des ennemis des asperges. Les uns s’attaquent aux racines, les autres aux tiges.

Il est aisé de présumer que dans une terre légère & plus fumée que le reste du jardin, les insectes y accourront de toute part. Le hanneton y trouve une retraite commode pour s’enterrer & s’y métamorphoser en larve, qu’on nomme ver blanc, turc, &c. (voyez le mot Hanneton) si terrible & si destructeur des racines des plantes. La courtillière, ou taupe-grillon, ou courterolle, (voyez le mot Courtillière) s’empresse de venir déposer ses œufs dans ce fumier, & tout jardinier connoît, par une fatale expérience, combien cet insecte est redoutable. L’huile, il est vrai, mise dans les trous fabriqués par ces insectes, & chassée par l’eau dans ses routes souterraines, le font périr ; mais souvent cette eau abondante fait pourrir les pattes.

Toute espèce de limace & de limaçon se jette avec avidité sur la jeune tige de l’asperge, sur-tout dans les terrains humides & dans les années pluvieuses. Le soir, à la lumière, & de grand matin, on les verra chercher leur nourriture ; c’est le tems de les prendre & de les suivre jusque dans leurs retraites ; la route est marquée par leur bave.

Dans les années sèches, ce sont les pucerons, une chenille verdâtre, dont on se débarrasse en secouant les tiges sur du linge ; plusieurs petits scarabées, &c.

Le seul moyen de détruire le puceron, est de sacrifier les tiges qui en sont infectées ; on préserve les autres. Les scarabées, moins