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noyée. Ils réussissent mal dans une terre argileuse : le sol qui leur convient le mieux est une terre noire ou rougeâtre, alliée d’un quart ou d’un tiers de sable, avec quantité de gravier. Dans les terrains plus forts & plus humides, le cacao devient grand & vigoureux, mais il rapporte moins, les fleurs y étant fort sujettes à couler à cause du froid & des pluies fréquentes.

On est assez dans l’usage de défricher des terrains pour y établir des cacaoyers. Quand on prend les terres qui ne sont que reposées, ces arbres durent peu, & ne rapportent communément que du fruit médiocre & en petite quantité.

M. Miller indique les ravines formées par les eaux, comme étant des emplacemens favorables ; d’ailleurs les arbres y trouvent un abri naturel que l’on est obligé de leur procurer par art dans d’autres positions : il y a cependant lieu de douter que les ravines puissent les garantir du vent qui leur est très-préjudiciable. D’ailleurs, les cacaoyers pourroient être trop serrés dans ces endroits : ces arbres délicats ont besoin d’une certaine étendue d’air qui les environne.

Trop ou trop peu d’air, les vents & l’ardeur du soleil pouvant beaucoup nuire aux cacaos, on tâche de prévenir ces inconvéniens par la disposition du terrain. L’étendue que l’on a trouvée être avantageuse à une cacaoyère, est d’environ à peu près cent toises. Si le terrain est plus grand, on le divise en plusieurs carrés, réduits à cette proportion, & chaque carré, doit être environné de bonne haies.

Si la cacaoyère n’est pas au milieu d’un bois, ou que dans ce bois même elle soit découverte par quelque endroit, on l’abrite par de grands arbres capables de résister à l’impétuosité des vents. Ces lisières peuvent être formées de grands arbres, mais on a lieu de craindre que dans le cas où un ouragan les abattroit, leur chûte ne fît périr beaucoup de cacaotiers. C’est pourquoi il est peut-être préférable de planter au dehors de la cacaoyère, plusieurs rangs de citronniers, de corosoliers, ou de bois immortel, qui étant plus flexibles diminuent la force du vent, ou dont la chûte ne peut pas faire grand tort aux arbres voisins. D’autres couvrent encore les lisières mêmes avec quelques rangs de bananiers ou de bacoviers (qui sont les figuiers des îles,) arbres qui croissent fort vite, garnissent beaucoup, forment un très-bon abri, &c donnent des fruits excellens.

J’ajouterai aux moyens que donne l’auteur de cet article, la plantation du bambou. Ce roseau croît fort vîte, s’élève très-haut, fournit beaucoup, & c’est par son secours que les hollandois au cap de Bonne-Espérance, garantissent leurs plantations. Ses feuilles sont très-utiles pour les animaux, & les nègres sont friands de la moelle spongieuse de cet arbre ; il croît dans l’Inde & en Afrique, & en 1759 l’escadre de M. de Bompart le transporta dans les îles du vent de l’Amérique où il a prodigieusement multiplié. Il se reproduit de boutures, chaque nœud portant le germe de la racine & des jets. Plus il fait chaud, plus sa végétation est