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acidule, approchante de celle des pépins de grenade. Au milieu sont les semences, tantôt assez ressemblantes à nos féves de marais, tantôt moins grandes, moins aplaties, à peu près de la même forme que les feuilles de l’arbre, plus grosses par leur extrémité qui tient au placenta. Ce placenta paroît être produit par le péduncule qui, se prolongeant, forme un axe auquel répondent les colonnes sur lesquelles sont rangées les semences par étage. Le nombre de ces semences varie de vingt à quarante. Leur parenchyme est blanc, quelquefois un peu teint de rouge compacte, charnu, mollet, lisse, très-chargé d’huile, amer, d’un goût stiptique ; assez pesant relativement à son volume, très-friable entre les doigts, & formé de deux lobes repliés l’un dans l’autre. La pellicule qui recouvre ces amandes est lisse, très-mince, de même couleur que le parenchyme, mais en se séchant, elle devient d’un rouge brun. Ce sont ces amandes qui servent à faire le chocolat.

Usage du cacao. Le principal objet pour lequel on cultive les cacaoyers, est la grande consommation des amandes pour faire le chocolat, liqueur nourrissante, gracieuse qui a donné lieu à M. von Linné d’appeler l’arbre même theobroma, mot grec qui signifie mets des Dieux.

Les amandes fournirent encore une huile par expression qui s’épaissit naturellement & reçoit alors le nom de beurre. Le P. Labat veut que ces amandes pilées soient jetées dans une grande quantité d’eau bouillante, afin que leur huile surnageant soit plus facile à recueillir : ensuite lorsqu’il ne s’en élève plus à la surface de l’eau, on exprime fortement le marc en l’arrosant encore d’eau bouillante. Cette méthode ne convient qu’à l’Amérique où les amandes récentes abondent en huile ; mais comme elles arrivent sèches en Europe, & par conséquent privées d’une portion considérable de leur humidité, on est obligé de les torréfier avant de les piler, & quand elles ont bouilli à grande eau pendant une demi-heure, on passe le tout encore bien chaud, & on l’exprime avec force : l’huile se rassemble à la surface de la liqueur. Si elle n’est pas suffisamment pure, on la fait passer dans plusieurs eaux chaudes : l’huile se fige par le refroidissement.

L’huile de cacao se conserve très-long-tems sans devenir rance, n’a pas d’odeur, est assez blanche, & d’une saveur agréable. On peut l’employer aux mêmes usages que l’huile d’olives. La douleur des hémorroïdes cesse quelquefois promptement, quand on y applique du coton imbibé de cette huile. Les personnes qui y sont sujettes, peuvent utilement faire usage de ce remède, deux ou trois fois par mois, pour prévenir le retour des accès, & faire fluer doucement les hémorroïdes. Les Créoles espagnoles s’en servent pour embellir leur peau & en ôter les rougeurs & boutons.

Culture du cacaoyer. On nomme cacaoyère ou cacaotière, un plant ou verger de cacao. Ces arbres demandent une terre qui ait du fond, qui soit plus forte que légère, fraîche, bien arrosée, mais non pas