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fourchu qui surmonte l’embryon, ou pistil placé dans le fond d’un calice vert, à quatre pointes, deux grandes & deux petites, disposées alternativement. Ces fleurs passent fort vîte, & ont une odeur douce & agréable. L’embryon ou jeune fruit, qui devient à peu près de la grosseur & de la figure d’un bigarreau, se termine en ombilic, & est d’un vert clair d’abord, puis rougeâtre, ensuite d’un beau rouge, & enfin rouge obscur dans sa parfaite maturité. Sa chair est glaiseuse & d’un goût désagréable, qui se change en celui de nos pruneaux noirs secs lorsqu’elle est desséchée ; & la grosseur de ce fruit se réduit alors en celle d’une baie de laurier. Cette chair sert d’enveloppe à deux coques minces, ovales, étroitement unies, arrondies sur leur dos, aplaties par l’endroit où elles se joignent, de couleur d’un blanc jaunâtre, & qui contiennent chacune une semence calleuse, pour ainsi dire ovale, voûtée sur son dos, plate du côté opposé, creusée dans le milieu, & dans toute la longueur de ce même côté d’un sillon assez profond.

À Battavia & en Arabie cet arbre s’élève beaucoup, & son tronc est toujours mince, proportion gardée avec sa hauteur. Il est presque pendant toute l’année chargé de fruits & de fleurs.


CHAPITRE III.

De sa culture.

On publia en 1773 une lettre sur la culture du café adressée à M. le Monnier, & sans nom d’auteur. C’est d’après cet ouvrage que nous allons parler & en donner le précis.

On a été long-tems en usage, dans l’île de Bourbon, de prendre dans les caféteries les jeunes plants qui naissent des fruits tombés : c’est un abus, & l’expérience a prouvé que ces plants languissent pendant long-tems après leur transplantation.

Les semis doivent être faits en plein-champ, après avoir donné à la terre qu’on leur destine plusieurs façons, & l’avoir engraissée, non pas avec du fumier, mais avec du terreau.

Ce terrain sera disposé en planches, sur lesquelles seront tracés des sillons d’un demi-pouce de profondeur, & espacés de sept à huit.

On jettera dans ces sillons le fruit dépouillé de sa coque, & non pas de son enveloppe coriace. Chaque grain sera éloigné de son voisin de trois pouces de distance, & recouvert de terre. Il est important de choisir les graines bien mûres & fraîches ; dès qu’elles sont desséchées elles ne lèvent plus.

Pour enlever la pulpe, les nègres convalescens ou infirmes passent un cylindre de bois sur la cerise lorsqu’elle est rouge. Il écrase la pulpe & la sépare du grain.

Les graines destinées à être plantées ne doivent pas rester amoncelées pendant long-tems ; la pulpe fermenteroit, & la fermentation nuiroit au germe. À mesure que le grain est dépouillé de sa pulpe, il est mis dans de la cendre, qui s’attache à l’enveloppe de la fève par l’intermède du suc visqueux fourni par la pulpe, & cette cendre