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à Bourbon, est également sujet aux poux ; & c’est peut-être à l’usage où l’on est dans cette île d’abriter les jeunes cafés avec cet arbrisseau, que les colons doivent la ruine de leurs caféteries par ces insectes.

La saison la plus avantageuse pour transplanter les plants de café, est celle des mois de Juin, Juillet & Août ; c’est alors qu’ils ont en général le moins de séve ; & c’est aussi le tems le plus froid de l’année dans ces climats. Si on avoit dans ses pépinières une quantité surabondante de plants, on pourroit tenter la transplantation dans la saison des pluies, c’est-à-dire, dans les mois de Janvier, Février & Mars.

Il y a deux façons générales de transplanter le café ; l’une qui est la plus sûre & la plus profitable, mais la plus longue & la plus laborieuse, est de le transplanter avec sa motte de terre. C’est la plus sûre, en ce que tous les plants réussissent en général ; & c’est la plus profitable pour deux raisons : 1o. il faut une quantité bien moindre de plants, puisqu’ils sont moins sujets à périr : 2o. ils ne souffrent point de la transplantation, & par conséquent leur végétation n’en est point, ou presque point ralentie. Pour cette méthode, on se sert d’un déplantoir, qui enlève facilement le plant avec sa motte, & on coupe l’extrémité du pivot quand il dépasse. On mêle du terreau ou de la meilleure terre des environs dans le trou, & on le remplit. Si la terre des semis est trop sèche, il faut l’arroser quelque tems auparavant le moment de la transplantation.

La seconde méthode consiste à enlever les plants à nu, c’est-à-dire, sans prendre la peine de conserver leurs mottes de terre ; mais avant de traiter de cette transplantation, il convient de parler du terrain propre à une caféterie.

Les terres fortes, marécageuses, marneuses, argileuses doivent être rejetées ; les cafés aiment les terres légères, les rocailles, les pierres & la grande chaleur. S’ils paroissent plus vigoureux, & prospèrent mieux dans les quartiers pluvieux, ils n’ont pas l’avantage de la quantité, & sur-tout de la qualité. Les terres rouges à l’île de France, mêlées de pierres, & de grosses pierres, sont en général les plus propres à la plantation des caféteries. Dans les quartiers secs, ils ne réussissent pas dans les terres rouges, franches & profondes ; elles se dessèchent trop promptement. Dans les quartiers pluvieux ils réussissent dans les mêmes terres. Les terres noires qui couvrent la glaise, à trois ou quatre pouces de profondeur, ne conviennent pas aux cafés.

Quelques particuliers forment leur caféterie par petits champs au milieu des forêts ; & l’on a remarqué que les cafés, placés le long des bois abrités du soleil levant & des vents généraux, venoient plus promptement, & étoient plus beaux que les autres. La beauté est illusoire ; ils rapportent moins que les autres, & leurs fruits sont d’une qualité bien plus inférieure. Les cafés veulent le soleil & l’air, sans cela point de récoltes abondantes, point de fruits parfumés. Il vaudroit donc mieux donner aux champs des cafés, dans les quartiers