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l’eau en grande quantité dans tous les lieux infectés de ces vapeurs, en établissant en outre une communication avec l’air extérieur. Dans les cabanes qu’habitent les gens de la campagne, le froid n’est d’ordinaire combattu que par des poêles, ou par du charbon allumé ; chez les artisans, qui, par état, font beaucoup d’usage de charbon, les vapeurs méphitiques infectent toujours l’air que ces infortunés respirent, & on parviendra à le corriger, en exposant sur les poêles ou près des foyers, de grandes jattes remplies d’eau, qu’on renouvellera souvent.

Dans les fosses d’aisance. Il faut jeter dans ces lieux une grande quantité de chaux vive ; & auparavant d’y descendre, il faut essayer si l’air est purifié, en y plongeant des chandelles allumées, ou de la paille & du bois embrasés ; si ces substances ne s’éteignent pas, l’air est pur, on peut y travailler ; si au contraire elles s’éteignent, l’air est encore corrompu & meurtrier, & il faut bien se garder d’y descendre.

Le froid. Les gens vivement attaqués par le froid, sont dans l’état des asphyxiés privés de sentimens, tant internes qu’externes : il est rare, dans nos climats, de voir des effets aussi terribles du froid ; mais quelques exemples suffisent pour que nous ne négligions pas de traiter de cet objet d’autant plus important, qu’il regarde cette partie de la nation la moins estimée, quoique la plus estimable, les habitans de la campagne.

Quand une personne vivement attaquée par le froid, a demeuré plusieurs heures couchée dans la neige, ou sur la glace, exposée à toutes les rigueurs du froid le plus vif, il faut lui faire des frictions par tout le corps avec de la neige, si on peut s’en procurer, ou avec des linges trempés dans l’eau froide ; il faut bien se garder de l’exposer à la chaleur ; il est d’observation que les fruits ou légumes gelés se corrompent quand on les plonge dans l’eau chaude avant de les avoir laissés quelque tems dans l’eau froide. La même chose arrive aux parties du corps frappées du froid ; elles tombent en gangrène si on les expose à la chaleur, & la gangrène se déclare avec autant de célérité que le degré de chaleur est plus fort : les engelures ne doivent leur naissance qu’à la pernicieuse méthode d’exposer à une chaleur très-vive, les pieds ou les mains engourdies par le froid.

Après avoir frotté tout le corps avec de la neige, ou avec des linges trempés dans de l’eau froide, rien n’est plus salutaire qu’un bain froid dans lequel on plonge le malade l’espace d’une demi-heure. En sortant du bain on recommence les frictions ; dès que le malade donne quelques lignes de connoissance, on lui fait avaler quelques gouttes d’alcali volatil, dans un peu de vin tiède ; on le place dans un lit bassiné & peu chaud ; on continue les frictions avec des flanelles sèches ; on place le malade à cette époque, quelque tems dans un bain tiède ; on lui donne quelques cuillerées de bouillon ; on le nourrit long-tems de cette manière avec précaution : en suivant cette conduite dictée par l’expérience, & confirmée