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par le raisonnement, on parvient à rappeler à la vie ces victimes déplorables de l’inclémence des saisons. Toute la conduite consiste à rétablir la chaleur par degré ; si on la faisoit ressentir promptement & fortement, le malade ne tarderoit point à expirer victime de ce traitement condamné par l’expérience, seul juge capable de prononcer dans des circonstances aussi délicates.

Des noyés. (Voyez ce mot)


ASPIRATION DES PLANTES. Ce mot désigne l’action par laquelle le végétal comme l’animal pompe l’air qui l’environne, & qui doit servir ou à sa nourriture, ou au seul mécanisme de la respiration. Nous distinguons donc ici l’aspiration de la succion. C’est par la succion que les plantes attirent & pompent les fluides, tels que l’eau, la séve, &c. & l’air est le sujet seul de l’aspiration. Cette distinction sera encore bien plus sensible lorsque nous parlerons de la manière dont les plantes se nourrissent.

Toutes les parties de la plante sont douées de la propriété d’aspirer l’air dans lequel elles vivent ; on peut voir au mot Air, la quantité prodigieuse que les feuilles en absorbent dans un tems donné. L’écorce & les racines, sur-tout les plus petites, comme le chevelu, sont garnies d’une infinité de bouches, dont les unes aspirent & les autres expirent l’air. Il est probable que ces ouvertures ne sont pas les mêmes par lesquelles les autres substances nutritives pénètrent dans l’intérieur du végétal ; du moins nous voyons & nous connoissons dans la plante des vaisseaux à air, & des vaisseaux à fluides, qui n’ont pas les mêmes orifices, ni le même cours. Le microscope le plus parfait n’a pu, jusqu’à présent, distinguer ces orifices les uns des autres ; quoiqu’ils ne soient pas sensibles, ils n’en sont pas moins existans.

Quel est le principe de cette propriété du végétal ? quel est le jeu, quels sont les ressorts que la plante fait mouvoir pour aspirer une masse d’air ? Ce mystère est encore un secret pour nous. L’anatomie des végétaux est trop peu avancée ; nos connoissances sont encore trop bornées dans cette partie pour nous flatter de l’expliquer avec précision. Si nous pouvons raisonner avec une certaine vérité sur la respiration animale, c’est que toutes les parties de l’organe qui l’opèrent nous sont assez bien connues. Étudions les plantes avec autant d’ardeur, le flambeau de l’expérience à la main, & nous pourrons alors découvrir une infinité de vérités intéressantes. (Voyez Air, Plantes, Respiration). M. M.


ASSA FŒTIDA ; substance très-employée par les maréchaux. C’est un suc gommo-résineux que l’on tire principalement de la racine d’une plante ombellifère qui croît en Perse, dans les environs d’Heraat, & qu’on y nomme hingisch. Les persans incisent la racine, il en découle un suc laiteux, un peu roux, d’une saveur âcre & amère, d’une odeur très-puante, & on le fait sécher au soleil. Les indiens adultèrent ce suc quand il n’est pas encore épaissi, en y mêlant de la farine de féve. Le goût & la vue décèlent la fraude, qu’on reconnoît