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des végétaux. Dans l’impossibilité de rassembler & de connoître parfaitement toutes les plantes, & tous leurs caractères naturels, on s’est contenté d’en étudier le plus qu’on a pu. Les méthodistes n’ont vu dans les caractères en général, qu’une note simple ou composée ; disons mieux, ces caractères ne sont que les parties essentielles par lesquelles les plantes se ressemblent ou diffèrent entr’elles. M. Tournefort & ceux qui l’ont suivi, soit en adoptant son systême, soit en le rectifiant, n’en ont fait aucune distinction, les ont confondus, ou plutôt ne s’en sont pas servi. Le chevalier von Linné est le premier qui en ait distingué de quatre espèces ; le caractère factice ou artificiel, le caractère essentiel, le caractère naturel, & le caractère habituel.

Avant que d’expliquer en détail ces quatre sortes de caractères, que l’on ne perde pas de vue que les caractères généraux & particuliers sont pris & choisis dans les parties qui concourent à la réproduction, c’est-à-dire, aux parties de la fructification ou de la génération.

1o. Le caractère factice ou artificiel est celui qui se tire d’un signe de convention. Ce caractère est au choix du méthodiste qui établit une nouvelle méthode. Ce caractère arbitraire peut être pris indistinctement de telle ou telle partie de la plante ; il suffit en général, pour distinguer les genres d’un ordre d’avec ceux d’un autre ordre ; mais il ne les distingue pas entr’eux. Tels sont les caractères génériques de tous les méthodistes artificiels, de Tournefort, de Césalpin, de Rai, de von Linné. M. Tournefort a adopté la forme de la corolle ou des pétales ; Césalpin, Morison, Rai employèrent principalement la considération du fruit ; le chevalier von Linné se fonda sur les parties mâles & femelles des plantes, c’est-à-dire, sur les étamines & les pistils.

2o. Le caractère essentiel est un signe si remarquable & si approprié aux plantes qui le portent, qu’il ne convient à aucun autre, & qui fait qu’au premier coup-d’œil, on la distingue facilement de toute autre ; tel est le nectar des hellébores & des aconits. Ce caractère distingue essentiellement les genres dans tous les ordres, & distingue essentiellement aussi tous les genres d’un même ordre, les uns des autres. On est convenu que ce caractère pour les genres & les classes, pourroit se tirer d’une des six parties de la fructification, & celui des espèces, de toutes les autres parties différentes de celles de la fructification. Quelques auteurs cependant y ont eu recours, & de-là ils sont tombés dans le défaut qu’ils recommandent si fort d’éviter, de prendre les mêmes parties pour caractériser les classes, les genres & les espèces ; défaut qui entraîne nécessairement de la confusion.

3o. Le caractère naturel, comme nous l’avons dit plus haut, se tire de toutes les parties des plantes ; il comprend par conséquent le factice & l’essentiel, & sert à distinguer les classes, les genres & les espèces. Si l’on pouvoit se flatter d’avoir rassemblé tous les caractères naturels, on auroit bientôt la grande division du règne végétal par fa-