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que la plante aura quatre ou six feuilles, elle est en état d’être replantée ; elle reprend très-facilement en l’arrosant un peu.

Si on sème pour décoration, il convient de choisir la graine de capucine à fleur large & bien veloutée. Si on sème au contraire pour récolter le bouton avant l’épanouissement de la fleur, on doit choisir la capucine à petite fleur & à fleur jaune, parce que ses boutons sont plus multipliés que ceux de la première.

La capucine peut se multiplier de boutures. À cet effet on choisit l’extrémité des branches les plus vigoureuses ; & après en avoir coupé la longueur de quelques pouces, on la plante dans du terreau bien consommé. Il faut arroser légérement, tenir la bouture au grand air, & non au soleil.

Les curieux cultivent une capucine à fleur double qui, ne donnant point de graine, ne peut se multiplier que par boutures. Si la gelée la touche, elle périt. Pour la conserver, la serre chaude est nécessaire ; elle craint beaucoup l’humidité.

Il faut, chaque jour, faire la cueillette des boutons, & rejeter soigneusement ceux qui commencent à se colorer en jaune ; ils ne sont plus aussi bons pour confire.

Les boutons de capucine, confits au vinaigre, tiennent lieu de câpres, & ils sont plus parfumés. On jette ces boutons dans du bon vinaigre ; ils doivent y tremper, de sorte qu’à mesure que le nombre des boutons augmente, on doit ajouter de nouveau vinaigre ; par ce moyen, on n’est pas obligé de changer celui-ci. Les vases destinés à cette préparation journalière, n’exigent pas d’être couverts, sinon avec une toile, une planche seulement, pour empêcher les ordures d’y pénétrer. Le vinaigre devient de plus en plus acide & fort par sa communication avec l’air atmosphérique. Des auteurs recommandent de laisser pendant plusieurs heures les boutons nouvellement cueillis se flétrir à l’ombre ; cette précaution est très-inutile. D’autres exigent de changer le vinaigre tous les huit jours ; si le premier vinaigre est bon, c’est une opération superflue. L’addition du sel, du poivre, &c. quoique également prescrite, est dans le même cas.


CARACTÈRE D’UNE PLANTE, Botanique. Les botanistes emploient ce mot pour désigner ce qui distingue si bien une plante de toutes celles qui ont quelque rapport avec elles, qu’on ne sauroit la confondre avec ces plantes. Ce qui constitue cette marque distinctive est l’ensemble & la combinaison des parties les plus essentielles de la plante durant sa vie & jusqu’après sa mort ; car non-seulement les fleurs, les fruits, la tige, les branches, &c. mais encore la graine fournit un caractère distinctif. Si l’on pouvoit parvenir à saisir exactement tous les caractères distinctifs de toutes les plantes entr’elles, on pourroit alors classer & établir les familles naturelles, & le grand problême de la botanique seroit résolu. Mais on est encore bien loin d’avoir découvert cette méthode naturelle qui donneroit la progression graduelle que la nature a suivie dans la distribution