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sont les seuls secours que les cardons exigent jusqu’à la transplantation. Quelques particuliers plus attentifs ne font point semer à la volée, mais ils tracent de petits sillons à la profondeur d’un pouce, destinés à recevoir la semence. L’ouvrier voit mieux ce qu’il fait ; il a plus de facilité à espacer ses graines de quelques pouces, & il est plus aisé de détruire les mauvaises herbes sans endommager les plants. La graine semée à la fin de Mars, reste plus long-tems à lever que celle semée dans le courant d’Avril ; la différence est presque de moitié. Les cardons semés trop de bonne heure, sont plus sujets à monter en graine que les autres ; & rarement ceux qui fleurissent ainsi donnent de bonne graine.

2o. De la transplantation. Commencez dans un coin de la planche, par ouvrir un petit fossé qui découvrira les racines ; ménagez-les avec le plus grand soin. Pour cet effet, creusez jusqu’au-dessous, alors le plant viendra sans peine, & ses racines ne seront point endommagées. Ne tirez que ce qu’un homme peut replanter dans une demi-heure ; & si la terre ne tient pas aux racines, ne les laissez jamais exposées au hâle, au soleil, &c. ; placez les plants dans un panier, avec un peu de terre par-dessus les racines, ou dans un plat rempli d’une suffisante quantité d’eau pour qu’elles trempent. Il vaut mieux revenir plus souvent à la pépinière, que d’enlever trop de plants à la fois. Ces soins paroîtront minutieux à la plupart des jardiniers : laissez-les dire ; ordonnez, & faites-vous obéir. Au mot Racine, on verra leur usage, & l’indispensable nécessité de les ménager & de les conserver.

Aussitôt après la transplantation, arrosez légérement ; trop d’eau tape la terre, la durcit, & il vaut mieux revenir à plusieurs petits arrosemens consécutifs qu’à un seul trop copieux.

Si on prévoit que pendant le jour le soleil dardera avec trop de force sur ces jeunes plants, on fera très-bien de cueillir de mauvaises feuilles de choux & de les couvrir ; le soir ces feuilles seront soulevées, afin qu’ils jouissent de la fraîcheur de la nuit. Suivant la reprise, ces feuilles, ou de nouvelles, seront remises & enlevées jusqu’à ce que le plant se tienne droit, en un mot, qu’il ait bien repris.

On observera, en transplantant, d’espacer les plants à trois pieds les uns des autres, en tout sens, & à quatre pieds ce seroit encore mieux. Il n’y aura point de terrain perdu, puisque cet espace peut être garni en plantes dont la racine ne pivote pas, & qui auront fait leur crue avant l’époque du blanchîment des cardons.

III. Des soins après la transplantation. Ils se réduisent, 1o. à arracher les mauvaises herbes ; 2o. à serfouir deux ou trois fois pendant l’été le pied des cardons ; 3o. à donner de fréquens arrosemens. Le meilleur moyen d’empêcher la fleuraison de la plante, est l’arrosement. L’eau modère sa propension à monter. Les auteurs conseillent de les arroser tous les deux jours. L’avis est sage si on se sert d’arrosoirs ; il est dangereux si c’est par irrigation, (voyez ce mot) à moins