Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/637

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Culture de la Vigne, donne un très-bon moyen pour renouveler l’air. « Placez, dit-il, un tuyau de fer-blanc ou de plomb ou de fonte ou en terre cuite, de quatre pouces de diamètre, contre le mur de la maison, qui descendra dans le soupirail de la cave à plusieurs pieds de profondeur : ce tuyau s’élèvera jusqu’à la couverture de la maison. À l’extrémité supérieure de ce tuyau placez un entonnoir de deux pieds de diamètre, & pratiquez par dessus un moulinet dont les ailes soient garnies de toile passée à l’huile, ou en fer-blanc, qui tournant au gré du vent, dirigeront l’air vers l’entonnoir, & le contraindront de descendre dans la cave. »

Il est clair que cette masse d’air sans cesse poussée dans la cave, se mêlera peu à peu à l’air méphytique ou fixe, & détruira sa qualité mortelle. Je dis plus, un semblable tuyau & un semblable moulinet, placés à l’extrémité de la même cave, maintiendront un courant d’air frais, & ce courant augmentera la fraîcheur de la cave. Cette proposition paroît contradictoire avec ce que j’ai dit plus haut, relativement à l’équilibre qui tend toujours à s’établir entre l’air atmosphérique & celui de la cave. Dans ce premier cas, ces deux airs sont, pour ainsi dire, en stagnation, au lieu que dans le second, c’est un courant d’air qui produit une évaporation, & cette évaporation augmente la fraîcheur ; en voici un exemple : personne ne peut nier que l’air de la chambre voisine ne soit à la même température que celui de la chambre où l’on se trouve, puisque toutes les portes de communication des deux chambres sont supposées ouvertes ; c’est donc le même air. Supposons actuellement ces portes fermées, & présentons une bougie allumée au trou de la serrure d’une des portes, ou à la base de ces portes, & nous verrons cette lumière s’allonger contre l’ouverture, ou en être repoussée, comme si l’air d’un soufflet, médiocrement pressé, agissoit sur la lumière. Voilà le courant d’air établi & démontré par l’expérience ; actuellement voyons comment il occasionne de la fraîcheur. Présentons la main ou l’œil à ce trou, nous sentirons un courant d’air frais, quoiqu’il ne soit pas plus frais que l’air de la chambre : c’est que frappant sur la peau de la main ou des paupières, il occasionne plus rapidement l’évaporation de notre chaleur ; & quoique ce froid ne soit que relatif, il occasionne réellement un frais & un froid, comme s’il existoit véritablement. Il en est de même lorsqu’on prend un soufflet, & qu’on fait agir son souffle contre la peau ; on sent une fraîcheur bien marquée, qui augmente l’évaporation de la chaleur de la partie sur laquelle on souffle. C’est ainsi qu’en frottant un bras, par exemple, avec de l’éther, & soufflant fortement avec un soufflet à deux ames sur ce bras, on parviendroit à le glacer. Il en est de même du froid lorsque l’air est vif, & que le vent souffle avec force ; il agit plus fortement sur nos corps, le froid nous paroît plus âpre, plus vif que si l’intensité de ce froid étoit augmentée de cinq à six & même de dix degrés, sans courant d’air. Il en est de même pour les caves & pour les vaisseaux qui y sont renfermés. Si on parvient à y établir un courant d’air rapide, elles seront réellement plus froides qu’elles ne l’auroient été, même malgré la plus grande profondeur. On