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la paille, on doit en mettre de nouvelle. Il ne faut pas un mois dans les provinces méridionales pour le blanchir de cette manière. Si on ne la trouve pas assez expéditive, pour la hâter, arrosez cette litière de tems à autre, & quinze jours suffiront, mais craignez la pourriture.

La seconde méthode pour les blanchir dans les saisons suivantes, est, après les avoir liés ainsi qu’il a été dit, & avec les mêmes précautions, de les butter avec de la terre jusqu’au premier lien, de manière qu’il ne se trouve point de vide entre un plant & un autre. Huit jours après, on butte de même jusqu’au second lien, & après le même espace de tems jusqu’au troisième, de manière que la terre monte jusqu’au sommet des feuilles. Plusieurs jardiniers, sur-tout ceux qui cultivent pour vendre, buttent toute la plante à la fois ; mais elle ne blanchit jamais si bien.

Voici une autre méthode de faire blanchir pendant l’été, pratiquée dans quelques cantons, & rapportée par tous les auteurs. J’avoue que je parle ici d’après eux. On laboure & on ameublit bien profondément un coin de terre, & on y donne une mouillure assez forte pour pénétrer tout le labour. Vingt-quatre heures après, on y fait, avec un gros plantoir, des trous distans l’un de l’autre d’environ quatre pouces, & de profondeur égale à la longueur du plant. Le céleri qui aura été lié la veille, sera arraché, une partie des racines supprimée, & chaque pied sera mis dans un trou, sans resserrer la terre contre lui. Aussi-tôt après on donne un second arrosement. On peut se servir de cette méthode pour les céleris tardifs ; mais il faut avoir soin de les couvrir de grande litière, & de les enlever lorsque le tems le permet.

Quant au céleri branchu, il ne sauroit entrer dans ces trous, puisque ses branches partant de la racine, ont très-souvent plus de six pouces de diamètre. Je crois même qu’il pourriroit plutôt que de blanchir de cette manière. Le céleri-navet n’exige aucun soin, puisque sa racine est sa seule partie que l’on mange. Lorsqu’on l’a enlevé de terre, on tord ses feuilles pour les arracher, & la racine est mise dans la terre près à près, comme celle des carottes. (Voyez ce mot)

Les céleris destinés pour l’hiver, exigent de grandes précautions, surtout dans les provinces où le froid est rigoureux, & où les pluies sont abondantes pendant cette saison.

On lie le plus tard qu’on peut, mais toujours avant les gelées, & on le couvre pendant le froid avec de la grande litière, qu’on enlève toutes les fois que le tems est doux, & qu’on replace dès que l’on craint la gelée. Cette précaution est ordinairement suffisante jusqu’à l’époque où le froid commence réellement, & où il n’est guère possible de se flatter d’avoir de beaux jours. C’est le cas alors de butter par progression, & si la nécessité presse, de butter tout-à-la-fois ; enfin, de répandre abondamment de la litière. Cette méthode est sûre pour les terrains secs ; mais s’ils sont naturellement humides, ou rendus tels par l’abondance des pluies, il est prudent de recourir à un autre expédient.

Après avoir lié les plants un peu avant que les fortes gelées se fassent sentir, enlevez-les de terre sans endommager les racines ; portez-les