Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1782, tome 2.djvu/69

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influence. Son poids & son ressort agissent moins immédiatement sur l’économie animale & végétale, que sa chaleur, son humidité, sa sécheresse, & sur-tout son électricité. Ces quatre propriétés sont les causes de tous les changemens, de tous les états de santé ou de maladie par lesquels les êtres animés passent dans le courant de leur vie. Leurs successions ou leurs variations trop rapides, entraînent presque toujours des dérangemens sensibles & dangereux, des maladies. Essayons de tracer un abrégé des effets de l’atmosphère dans tous ces cas, renvoyant de plus grands détails aux mots Électricité, Humidité, Sécheresse, &c.

Si un parfait équilibre & une proportion juste ne se trouvent pas dans la pesanteur de la colonne d’air qui repose sur nous, si sa constitution sèche ou humide ne convient pas au caractère, au tempérament, à l’habitude de ceux qui la respirent, il s’ensuit ordinairement des altérations plus ou moins nuisibles ; elles le deviennent infiniment davantage lorsque les variations sont brusques & portées à l’excès. Des médecins habiles, des observateurs intelligens qui tiennent registre de météorologie médicale & végétale, ont remarqué un retour assez frappant des mêmes maladies avec les mêmes constitutions atmosphériques. Leurs résultats propres aux pays où ils ont observé, peuvent se généraliser jusqu’à un certain point & convenir à tous ; ou du moins dans la pratique, on peut en tirer des conséquences utiles.

Les excès de légéreté dans l’atmosphère, long-tems soutenus, sont accompagnés ou suivis immédiatement de morts subites ; les apoplexies sont plus fréquentes, & les épileptiques ont des rechûtes plus graves & plus répétées. Les asphyxies sont plus communes dans les excès de pesanteur ; des fièvres putrides malignes règnent assez souvent tant que dure cette température. Ces mêmes excès n’influent pas moins sur les végétaux. M. Duhamel a remarqué que les plantes languissoient, & que leur végétation étoit singuliérement retardée, lorsque la légéreté considérable de l’atmosphère se conservoit quelque tems. Jamais la végétation n’est plus active, plus vigoureuse, que dans les tems qu’on appelle bas, étouffans ; que dans les jours où il doit y avoir des orages, des tonnerres, &c. Veut-on une démonstration plus frappante de cette vérité ? que l’on gravisse sur une très-haute montagne, on s’appercevra facilement qu’à mesure que l’on parviendra vers son sommet, que par conséquent la hauteur de l’atmosphère diminuera, & que la colonne d’air deviendra plus légère, la végétation languira ; l’on ne trouvera plus à une certaine élévation, que des arbustes rabougris, des plantes avortées, des herbes minces & rampantes ; il est même une région où la végétation devient nulle. Le défaut de chaleur, de principes nutritifs, & sur-tout de cet air fixe disséminé dans l’atmosphère, contribue beaucoup à cet état de dépérissement : le premier agent de la vie des plantes, la cause de leur mouvement & de la circulation de la séve, un certain poids de l’air, y manquent. La trop