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moins perpendiculaire de ses rayons. En été, quoique le soleil soit plus loin de nous qu’en hiver, il est plus élevé, plus perpendiculaire à nos têtes ; ses rayons tombent dans cette situation en plus grande quantité sur un espace donné ; & toutes choses égales d’ailleurs, la chaleur est proportionnelle à la quantité des rayons qui la produisent. M. Halley a calculé que Paris recevoit trois fois plus de rayons en été qu’en hiver ; & M. Fatio, célèbre géomètre anglois, en ayant égard à cette perpendicularité des rayons qui frappent avec d’autant plus de force qu’ils sont moins inclinés, a trouvé que dans nos climats la chaleur de l’été, abstraction faite de toute autre cause, devoit être à celle de l’hiver comme 9 est à 1.

La longueur des jours d’été sur ceux d’hiver, est encore une des principales causes de la plus grande chaleur de cette saison. Au solstice d’été, c’est-à-dire dans le mois de Juin, le jour, dans le climat de Paris, est de seize heures, & la nuit de huit ; c’est tout le contraire au solstice d’hiver, au mois de Décembre, où la nuit est deux fois plus longue que le jour. Ainsi le soleil reste sur l’horizon une fois plus de tems dans une saison que dans l’autre : il doit donc échauffer la terre au moins une fois davantage ; & comme Paris reçoit trois fois plus de rayons, il s’ensuit que la chaleur doit être au moins six fois plus grande. M. de Mairan va plus loin ; il trouve que cette chaleur du plus grand jour d’été, est presque dix-sept fois plus grande : d’après M. Fatio, il faut tripler encore ce rapport, & l’on verra que la chaleur de l’été sera cinquante fois plus grande que celle de l’hiver. Cette énorme différence entre la chaleur de ces deux saisons, avoit fait recourir à l’existence d’un feu central perpétuellement agissant, qui produisoit la masse de la chaleur de l’hiver, & qui établissoit une espèce d’équilibre entre celle de l’hiver & de l’été. Mais on est tombé dans une erreur manifeste, parce que l’on n’a point fait attention aux effets de l’évaporation, comme l’a très-bien démontré M. Romé de l’Isle dans son ouvrage intitulé : Feu central démontré nul, où il fait remarquer que la chaleur de l’été est continuellement amortie & diminuée par l’évaporation, qui alors est d’autant plus grande que la chaleur est plus forte. Cette évaporation ne peut avoir lieu sans dépouiller la surface de la terre d’une quantité surabondante de chaleur. D’un autre côté, l’évaporation étant beaucoup moindre en hiver, la terre perd moins de la chaleur qu’elle reçoit alors du soleil, quoique la quantité en soit incontestablement beaucoup moindre qu’en été. Dans cette saison, un rien, le moindre vent du nord, un tems couvert, un simple orage, une pluie abondante, rafraîchissent subitement l’air & la surface de la terre ; en hiver, un vent du sud, ou du sud-ouest, adoucit la rigueur de la saison, & rend à la terre une partie de la chaleur qui s’en exhaloit. Ce sont ces vicissitudes perpétuelles & la tendance que la chaleur a naturellement à se dissiper, qui causent la légère différence que l’on trouve entre la température de l’hiver & celle de l’été.


§. IV. De la chaleur des climats.

D’après ce que nous venons de dire, on sent facilement que les climats & les lieux les plus chauds doi-