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très-peu de celle qu’on éprouve à l’ombre, & que cet excès de chaleur que l’on ressent, ne vient que de la chaleur solaire réfléchie ou par un mur, ou par un bois, ou par une montagne. Si l’on avoit une suite d’expériences bien exactes sur l’influence des abris, & peut-être de différens abris, la théorie & la pratique des couches, des ados & des espaliers se perfectionneroient ; l’agriculture & le jardinage sur-tout, y gagneroient infiniment (Voyez au mot Agriculture, l’article Abri.)


§. III. De la chaleur des saisons.

Les longues chaleurs de l’été, la température douce du printems & de l’automne, le froid supportable de nos climats dans nos hivers, ne viennent en général que de la position & de la direction du soleil par rapport à nous ; & non point, comme quelques savans l’ont avancé, d’un feu intérieur & central dont l’action agit du centre du globe à la circonférence. Il est démontré par une longue suite d’expériences, que la chaleur interne de la terre, à quelque profondeur qu’on la pénètre, est toujours de dix degrés au-dessus du terme de la congélation, ou de celui auquel la glace commencé à fondre. Si par hazard elle excède ce terme, alors il faut l’attribuer à la fermentation & à l’inflammation des couches pyriteuses & bitumineuses, par le concours de l’air & de l’eau qui y ont pénétré de la surface de la terre. Cette chaleur intérieure & particulière du globe, dont la cause physique ne nous est pas connue & dévoilée absolument, est un des agens les plus puissans de la végétation, comme on peut le voir à ce mot. C’est cette chaleur douce & bénigne, toujours la même, agissant perpétuellement, que rien n’altère, que rien ne dissipe, & qui n’augmente que par des accidens & des circonstances très-rares, qui tient les racines des plantes dans un état de dilatation propre à se laisser pénétrer par les sucs terrestres. Mais cette chaleur intérieure agit-elle & se fait-elle sentir à la surface de la terre ? Nous croyons que ses effets sont très-peu de chose, puisqu’ils ne sont pas capables souvent de faire fondre la glace & la neige dans nos glacières & sur la terre ; & que par conséquent la chaleur que nous éprouvons habituellement n’est due principalement qu’à l’action du soleil sur notre atmosphère & sur tous les corps qu’il affecte. La variation de la chaleur en France, qui n’est environ que de trente-deux degrés entre la plus grande chaleur de l’été & le plus grand froid de l’hiver, est cependant bien inférieure à celle que nous éprouverions si la masse de la chaleur produite par la présence successive du soleil sur différens points du globe, n’étoit continuellement amortie & tempérée par l’évaporation qui l’accompagne. Les molécules aqueuses élevées dans l’atmosphère & dispersées de tous côtés, s’unissent & se combinent avec les molécules aériennes échauffées par les rayons solaires, dont par-là elles diminuent l’effet.

Pour bien entendre comment la présence du soleil produit tous les degrés de chaleur qui forment la variété de nos saisons, il faut bien faire attention que le soleil échauffe la terre non-seulement en raison de sa plus ou moins grande proximité, mais encore en raison de son séjour plus ou moins long sur la partie du globe que nous habitons, & de la direction plus ou