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pérature analogue à ce qu’ils peuvent produire de chaleur naturelle. Mais ce qui paroîtra toujours très-étonnant, c’est que les insectes les plus tendres & les plus délicats de tous les animaux, qui ont à peine un degré ou un degré & demi de chaleur au-dessus de l’air ambiant, sont cependant en état de supporter les plus grands froids sans en être incommodés, sur-tout quand ils sont en chrysalides. Ils se conservent dans les hivers les plus rigoureux, sans autre défense souvent que l’écorce des arbres & des arbrisseaux, en se tenant dans les trous des murailles, ou bien couverts d’un peu de terre ; quelques-uns même s’y exposent entièrement à découvert. Les insectes alors deviennent engourdis, au point qu’ils ne paroissent jouir d’aucune faculté vitale, & cet engourdissement général est peut-être le principe qui les conserve à la vie.

Dans la classe des grands animaux chauds, ceux dont la chaleur est en général plus considérable, toutes circonstances égales d’ailleurs, c’est sans contredit les oiseaux. Les canards, les oies, les poules, les pigeons, les perdrix, les hirondelles mêmes, sur-tout les premiers, font quelquefois monter le thermomètre depuis le trente-deuxième degré de chaleur, jusqu’au trente-sixième, & même au trente-septième degré, tandis que des quadrupèdes ordinaires, comme les chiens, les chats, les moutons, les bœufs, les cochons, &c. ne va que depuis le vingt-neuvième degré, jusqu’au trente-deuxième environ. L’homme, dans un état de santé & de tranquillité, est presque toujours entre vingt-sept & vingt-huit : un exercice violent, une maladie, peut augmenter ce degré, comme le sommeil ou un dérangement dans la santé peut le diminuer. La dernière classe des grands animaux chauds, est celle des cétacés, qui tiennent le milieu entre les animaux froids & l’homme. Il faut mettre dans la même classe les poissons qui ont des poumons, & n’ont pas des ouïes.


§. IV. Cause productrice de la chaleur animale.

Après avoir fait le détail des différens degrés de chaleur de divers animaux, ce seroit bien ici le cas d’examiner quelle peut être la cause de cette chaleur. Nous savons bien qu’elle existe, nous la suivons dans sa marche ; nous voyons dans tous les animaux la faculté de la produire, de l’entretenir, & même de l’augmenter jusqu’à un certain point, en raison de la température extérieure. Mais quel est ce principe, le même dans tous les animaux, agissant dans tous suivant les mêmes loix ? Ici nous sommes arrêtés, & nous avouons de bonne foi que nous n’avons que des conjectures : la nature garde pour elle quelqu’un de ses secrets, & il faut étudier, raisonner, discuter, avancer souvent des hypothèses avant que de la deviner. C’est ce qui est arrivé dans le cas présent. Nous avons deux fameux systêmes pour expliquer l’origine de la chaleur animale : le premier, de M. Douglas, qui prétend qu’elle n’est due qu’au frottement qu’éprouvent les globules du sang en circulant dans le corps, sur-tout dans les vaisseaux capillaires ; le second, du docteur Leslie qui, à ce mouvement, y joint celui du phlogistique qui entre dans la composition de tous les corps naturels, & qui, en conséquence de l’action