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doux & paisible, le pouls & la respiration annoncent plus de fraîcheur. Avant le sommeil le pouls bat environ cent cinq fois par minute dans les enfans de trois à cinq ans ; mais pendant le sommeil environ quatre-vingt-dix fois ; & dès qu’ils sont éveillés, il reprend sa première vîtesse. Ils n’ont pas la respiration plus fréquente que les hommes de trente à quarante ans ; les uns & les autres respirent quinze ou seize fois par minute, & pendant la veille de vingt à vingt-trois fois. La chaleur est donc la même dans les enfans & dans les adultes. L’on a trouvé souvent que leur chaleur intérieure & extérieure, dans l’état de santé, ne passe pas vingt-neuf degrés trois cinquièmes ; celle des aisselles & du ventre dans les adultes, s’élève à ce degré lorsqu’ils ont fait de l’exercice, qu’ils ont eu chaud, ou qu’ils sont très-couverts ; mais si un homme s’est donné peu de mouvement & qu’il soit peu couvert, on peut regarder ving-huit degrés quatre cinquièmes de chaleur au ventre comme fébrile. (Le docteur Martine porte la chaleur de la fièvre dans l’homme, à environ trente-deux, trente-deux & demi, trente-trois degrés.) Cette observation a été faite sur un malade de la petite vérole. On sent facilement que tout ceci doit varier suivant la constitution : dans les uns la chaleur est plus interne ; dans d’autres plus extérieure, tandis que dans les uns & dans les autres elle est en totalité à-peu-près égale.


§ III. Chaleur différente dans les différentes classes d’animaux.

Le degré de chaleur des différens animaux varie, comme nous l’avons déjà observé, suivant les espèces. Dans la classe des animaux froids, nous ne leur trouvons que très-peu de chaleur au-dessus de celle du milieu qui les environne. On a peine à en trouver dans les huîtres & dans les moules ; il y en a fort peu dans les poissons qui ont des ouïes ; il se trouve à peine chez eux un degré de chaleur de plus que dans l’eau où ils nagent. Les truites ne sont qu’au treizième degré, tandis que l’eau de la rivière est à douze degrés deux tiers ; une carpe surpasse à peine le onzième degré & demi de l’eau dans laquelle elle vit ; la chaleur d’une anguille est la même ; en un mot, les poissons peuvent vivre dans une eau qui n’est qu’un tant soit peu plus chaude que le degré de congélation. Quoique les poissons, en général, vivent communément dans un milieu si peu échauffé, il est des exemples dans la nature où on les voit vivre dans une eau très-chaude. M. Sonnerat ayant rencontré dans les îles Philippines, à quinze lieues des Manilles, une source chaude qui faisoit monter le thermomètre à soixante-neuf degrés, observa des poissons qui y nageoient avec beaucoup d’agilité. Il les reconnut pour des poissons à écailles brunes, & les plus grands avoient environ quatre pouces. Nous voyons que la nature si féconde en merveilles, nous offre des phénomènes surprenans dans tous les genres, & dont l’explication sera toujours une énigme.

Les serpens, les grenouilles, les crapauds, &c. n’ont guère que deux degrés de chaleur de plus que celle de l’atmosphère. La plupart de ces sortes d’animaux ne sont pas en état de supporter de fort grands froids ; aussi se retirent-ils dans des trous, sous des abris où ils peuvent jouir d’une tem-