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meurent dans un air chaud de trente-quatre degrés, & au-dessus lorsqu’il n’est pas renouvelé, & à dix degrés au-dessus de la congélation, lorsqu’ils durent long-tems. Ce qui n’est pour nous qu’une chaleur douce & tempérée, est pour le Sénégal, par exemple, un vrai froid qui brûle les feuilles & fait périr les plantes, accoutumées à des feux continuels : dix à quatorze degrés seulement de chaleur, sont pour elles une température glaciale, dans laquelle elles ne peuvent vivre. Aussi, si nous voulons conserver ces plantes dans nos climats, sommes-nous obligés de les élever dans un air très-chaud, dû à nos serres chaudes. (Voyez ce mot)


Section VI.

Effets de la chaleur atmosphérique sur les animaux & les végétaux.


Après avoir étudié autant qu’il a été en nous la chaleur animale & la chaleur végétale, revenons un instant sur nos pas, & considérons les effets de la chaleur atmosphérique, & ses influences sur tous les êtres vivans qui y sont soumis.

Une chaleur douce, de dix degrés, par exemple, pour ces climats, est celle qui convient en général le plus aux individus des deux règnes. Les animaux comme les végétaux, y trouvent les degrés nécessaires pour le développement de tous les principes qui concourent à leur existence. Le corps y est dans un état de bien être qui dépend alors du parfait équilibre, de l’harmonie générale de toutes ses parties. Le végétal y croît & s’y développe avec vigueur ; quelques degrés supérieurs lui deviennent plus avantageux à mesure qu’il acquiert de la force & de la hauteur. La chaleur du mois de Mars fait germer les graines, éclore les bourgeons ; celle d’Avril, jointe avec les pluies de cette saison, suffit pour les faire pousser vigoureusement. En Mai & au commencement de Juin, la chaleur augmente ; & proportion gardée, c’est dans ce tems que les plantes grandissent & se renforcent davantage : viennent enfin les grandes chaleurs, & les semences mûrissent.

Dans quelque saison que ce soit, si cet ordre est interverti, & que la chaleur soit beaucoup plus forte qu’elle ne doit être, bientôt un air très-languissant annonce leur état de souffrance ; les feuilles se sèchent & se fanent ; leurs pétioles n’ont plus la force de les supporter ; les tiges mêmes baissent la tête, & semblent, en s’inclinant vers la terre, aller au-devant de l’humidité qui s’en échappe. Les effets de la sécheresse ne sont pas cruels aux plantes seules ; les bestiaux s’en ressentent aussi : dès que les chaleurs parviennent à un degré qu’ils ne peuvent soutenir, ils perdent bientôt leur embonpoint, & languissent. On peut, jusqu’à un certain point, prévenir ces funestes effets par le moyen des abris, en donnant de l’ombre aux bestiaux, & en arrosant les plantes.

Les trop grandes chaleurs influent encore sur les liqueurs susceptibles de fermenter, & que l’on veut conserver. La fraîcheur d’une bonne cave, (voyez ce mot) jointe à sa sécheresse, prévient tous les accidens que l’on pourroit redouter.

Nous aurions pu peut-être parler ici de la chaleur que les liqueurs actuellement en fermentation acquièrent, si nous ne traitions pas ce sujet plus na-