Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/108

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celle qui se trouve à la droite où est le versoir fixe, étant toujours dans l’endroit le plus bas, & au fond du sillon, tandis que l’autre seroit élevée, auroit tout le poids de la charrue à supporter, & nécessairement elle culbuteroit en entraînant la charrue dans sa chute, parce que quelque fort que fût le charretier, il ne le seroit point assez pour la retenir : il seroit obligé de diriger son effort à la gauche, & précisément c’est à la droite qu’il doit le plus appuyer, afin que le tranchant du soc ouvre un sillon assez large.

Par l’arrangement des terres en billons fort élevés dans le milieu, pour procurer un prompt écoulement aux eaux, la charrue champenoise est exactement ce qu’elle doit être pour la culture de ces terres ainsi disposées. Si on s’en servoit dans un terrein plat, l’inégalité des roues seroit assez inutile : quoiqu’il y en ait une qui soit toujours plus enfoncée que l’autre, cette différence, dans le parallélisme, n’est point assez considérable pour qu’on doive craindre que la charrue soit renversée sur le côté : d’ailleurs le plus petit effort, de la part du conducteur qui appuie un peu sur les manches, du côté opposé à celui où il craint que la chute ait lieu, suffit pour la remettre.

Quand on laboure avec cette charrue, il faut entamer une pièce de terre quelconque, par le côté droit, & aller ensuite à la gauche tracer le second sillon, pour revenir à la droite où l’on a commencé. La Fig. 17, Pl. 3, représente un billon à labourer avec la charrue champenoise ; le charretier doit commencer en A le premier sillon ; arrivé en B : il soulève la charrue, & va par la ligne ponctuée en C, où il donne l’entrure à la charrue pour ouvrir le sillon CD ; arrivé en D, il transporte encore la charrue en E, pour ouvrir le sillon EF, afin de combler celui qu’il avoit précédemment tracé, & qui étoit resté ouvert ; de-là il retourne en G, & successivement jusqu’à ce qu’il soit arrivé au milieu du billon où il finit son labour. Le versoir étant fixé à la droite de la charrue, cette manœuvre est indispensable, autrement les raies ou les sillons resteroient à découvert.

Le versoir étant toujours fixé à la droite, c’est par conséquent de ce côté que le soc doit pénétrer plus avant dans la terre, afin de la remuer, & de la soulever pour que le versoir la jette sur le côté ; c’est pour cette raison que le soc n’a qu’une aile tranchante à la droite, tandis qu’à la gauche il se termine en ligne droite avec le sep : un tranchant seroit donc inutile de ce côté, puisqu’il n’y a point de versoir pour jeter la terre qu’il soulèveroit. Afin que le soc ouvre un large sillon, le conducteur doit appuyer continuellement sur les manches, en dirigeant sa puissance à droite : alors l’aile du soc coupera la terre dans une plus grande surface ; le sillon sera par conséquent plus large, & le labour d’une pièce de terre sera plutôt fini & mieux fait, que s’il laissoit aller la charrue sans la gouverner de cette manière, après lui avoir donné l’entrure qu’il juge à propos.

Section V.

De la Charrue à quatre coutres, de M. Tull.

La Figure 1, de la Planche 4, re-