Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que dans les charrues ordinaires ; il doit être ainsi, parce que le manche étant plus élevé, le laboureur auroit de la peine à gouverner la charrue, s’il n’avoit pas plus d’inclinaison que dans les charrues ordinaires. Son assemblage avec la flèche est fortifié par une jambette placée dans un trou au bout de la flèche, d’où il va dans celui qui est au-dessous de la fourche du manche.

Le soc qu’on voit représenté par la Figure 13, Planche 2, est très-aplati en dessous à son extrémité ; ses deux ailes sont aussi aplaties ; son manche est un peu recourbé, & très-angulaire en devant, pour tenir lieu de coutre. Au bout de la courbure, le manche est continué par un autre à angle droit, de la longueur de quatre pouces & demi, à l’extrémité duquel s’élève un petit pivot d’un pouce & demi. La hauteur du soc, en y comprenant son pivot, est de neuf à dix pouces environ ; sa longueur, depuis l’angle que forme le manche avec l’aile jusqu’à sa pointe, de quinze à seize pouces.

Ce soc est placé sous la flèche, dans une entaille de la longueur du manche AA, Fig. 13, pratiquée pour cet effet : à son extrémité, du côté de l’avant-train, on y fait un trou où entre le pivot B du manche : il est fixé & arrêté à la flèche par une seule virole ou cercle de fer, qu’on empêche de glisser par de petits coins de bois qu’on met entre la virole & la flèche. Si le soc pique trop dans le terrein, on le modère par le changement de la roue, comme on fait à la charrue précédente. On peut encore mettre un petit coin entre le manche du soc & la flèche, qui dispense de changer la roue de place, quand on veut faire piquer plus ou moins la charrue. Si le soc ne pique pas autant qu’on voudroit, on met le coin entre la flèche & le manche du soc du côté de l’avant-train ; s’il pique trop, on le met du côté de l’arrière-train : par ce moyen, qui est assez simple, on est dispensé de changer la roue de place, & le soc pique exactement de la quantité qu’on désire, ce qui est toujours proportionné à la manière dont on enfonce le coin.

Pour se servir de cette charrue, il ne faut que l’adapter à l’avant-train de la précédente, en enfilant la flèche par ses mortoises dans les traverses des limons. Cette charrue est très-aisée à conduire ; le laboureur la tient droite ou penchée du côté qu’il veut, & qu’il juge nécessaire pour la culture du terrein qu’il laboure. Si l’on veut donner une culture profonde, le soc & son manche sont absolument dans la terre, & la partie postérieure de la flèche glisse sur le terrein.

Quelque petit que soit ce soc, il remue cependant la terre dans une surface d’un pied de largeur : sa pointe, qu’il faut tenir inclinée vers la terre quand on la forge, doit être d’un très-bon acier. Quoique cette charrue ne renverse point la terre, puisqu’elle retombe à la même place, après avoir été soulevée par le soc, elle la divise cependant, & l’ameublit assez bien, en l’entretenant légère & friable ; les racines des plantes qu’on cultive, peuvent donc aisément la pénétrer & s’étendre, pour trouver les sucs qui sont propres à leur végétation. Cette charrue est par conséquent comme