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que la charrue à coutres sans soc, de M. de Châteauvieux, fût propre à couper & à arracher les racines des bruyères des terres en friche, en fit construire une selon le modèle qu’il avoit imaginé lui-même. La Figure 11 montre l’arrière-train de cette charrue assemblé de toutes ses pièces. La Figure 12 représente la table qui supporte tout l’attirail de l’arrière-train ; la Figure 13 fait voir le double manche soutenu & assemblé par deux traverses. La position de la flèche, telle qu’on la voit dans la Figure 11 indique que l’avant-train de cette charrue est le même que celui de la charrue à une seule roue, de M. de la Levrie, dont nous avons donné la description : il ne seroit pas difficile de la faire supporter par un avant-train à deux roues ; il faudroit seulement avoir attention, en l’assemblant dans sa mortoise, de faire en sorte que son extrémité antérieure fût moins élevée, afin qu’elle pût porter sur la sellette d’un avant-train à deux roues, de façon qu’on pût l’élever & l’abaisser à volonté.

La table qui supporte l’attirail de l’arrière-train, n’est disposée que pour recevoir trois coutres : la flèche, au contraire, de la charrue de M. de Châteauvieux, par le moyen des deux pièces de bois qu’on met de chaque côté, de la grandeur qu’on juge convenable, peut en porter jusqu’à cinq. Les coutres qu’on voit dans la Figure 11 sont beaucoup plus forts que ceux des charrues ordinaires, & même que ceux de la charrue de M. de Châteauvieux. L’extrémité qui entre dans les mortoises de la table, est forgée en forme de tenon, de sorte que le coutre ne peut point remonter. Ce tenon est percé pour recevoir un boulon qui, en le fixant sur la table, l’empêche en même temps de descendre. Il n’est donc point possible d’élever & d’abaisser les coutres pour leur donner plus ou moins d’entrure ; cette manœuvre dépend de la flèche qu’on élève ou qu’on abaisse sur l’avant-train, selon qu’on le juge à propos.

La forme selon laquelle M. de la Levrie a fait forger les coutres de sa charrue, lui a paru plus propre que tout autre à remplir son objet, qui étoit de bien couper les racines qui se trouvent dans une terre en friche : ils doivent en effet éprouver moins de résistance en coupant des racines, que s’ils avoient la forme d’une lame de couteau, comme l’ont les coutres ordinaires, parce que la racine est coupée en glissant sur le tranchant du coutre.

Dans les Figures 11 & 12, AA est la table qui supporte toutes les pièces qui composent l’arrière-train de la charrue pour défricher : BBB (Figure 12.) sont les mortoises où passent les tenons des coutres HH, (Fig. 11.) CC sont les deux mortoises qui reçoivent le double manche qu’on voit dans la Figure 13. D est une grande mortoise dans laquelle on fait passer le bout de la flèche II (Figure 11.) EE sont des trous ronds dans lesquels on met les boulons NN. (Figure 11) pour assujettir la flèche solidement sur la table qui supporte tout l’attirail. FF sont deux autres trous qui reçoivent les étriers qui soutiennent les manches, & fortifient leur assemblage avec la table.

Avec cette charrue à trois coutres que M. de Villefavin fit construire sur le modèle qu’il avoit reçu