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avoir attention de donner à la charrue une entrure proportionnée à la quantité de bonne terre qui s’y trouve : quelquefois il suffit que la charrue pique de cinq ou six pouces au plus.

Quelle que soit l’espèce de charrue dont un laboureur se sert, au bout de chaque raie, avant de prendre l’enrayure pour en tracer une autre, il doit 1o. détacher la terre qui s’est attachée au versoir & au sep ; pour cet effet, il a un curon à la main, qui est une espèce de ratissoire de fer au bout d’un bâton ; il débarrasse de même les roues & les pièces d’assemblage de l’arrière-train, des racines, des herbes ou des broussailles qui souvent s’y arrêtent. 2o. Si le versoir de la charrue est amovible, il le change de côté, afin qu’en traçant une autre raie, la terre soit renversée dans la précédente qui est restée ouverte. 3o. Il examine si la charrue, dans le cours du travail, ne s’est point dérangée ; un coup d’oeil suffit à cet examen quand on tourne pour commencer une autre raie : quand on s’apperçoit qu’elle est bien disposée pour piquer de la quantité qu’on désire, on continue le labour sans y toucher. 4o. Il ramène la pointe des coutres du côté du versoir, afin que leur action ne soit point inutile, mais au contraire, qu’elle serve à couper la terre, pour que le soc éprouve moins de résistance à la soulever.

CHAPITRE III.

De la manière d’exécuter les différens labours, dans les terres qui sont en état de culture.

La manière de labourer varie, 1o. selon l’espèce de charrue qu’on emploie ; 2o. selon la qualité du terrein : cependant le but est toujours le même, parce que la culture de la terre consiste à la mettre en état de recevoir la semence.

Les charrues dont on se sert pour labourer les terres, sont ou à tourne-oreille, c’est-à-dire, que la planche, qu’on nomme le versoir, est amovible, parce qu’on la met tantôt à la droite, tantôt à la gauche de la charrue, ou à versoir fixe, parce qu’il est toujours à la droite. Avec la charrue à tourne-oreille, on entame une pièce de terre du côté qu’on désire, & on finit toujours par celui qui lui est opposé. Je suppose qu’on veuille labourer avec la charrue à tourne-oreille la pièce de terre AA, BB, (Fig. 8, Pl. 3, pag. 83) on commence la première raie en prenant l’enrayure en AA ; on continue les autres toujours du même côté & on pourroit de même commencer par AB, à droite, & finir par AB, à gauche. Lorsqu’on commence un labour, la première raie est découverte, parce que le versoir a jetté la terre de côté : en traçant la seconde raie, il faut remplir la première ; on y réussit en plaçant le versoir qui étoit à droite pour la première raie, à la gauche pour tracer la seconde : par ce moyen, la terre que soulève le versoir, à mesure que le soc trace une seconde raie, est jettée dans la première : en changeant l’oreille de côté au bout de chaque raie, elles sont successivement toutes comblées, il n’y a que la dernière qui ne l’est point, parce qu’il faudroit prendre sur la terre voisine : mais elle peut servir d’enréageure pour un second