Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/154

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la charrue l’entamera aisément, elle n’aura presque pas plus d’obstacles à surmonter que dans une terre en état de culture. Quoique ce terrein soit assez bien défriché par cette première opération de la charrue à coutres sans soc, quelque léger qu’il soit, les premiers labours doivent être faits à grands sillons, bien ouverts & assez profonds, parce qu’il faut bien diviser la terre, & renverser en dessous la superficie qui a été long-temps exposée aux influences de l’air. La charrue à versoir, ou tout autre de cette espèce, est le seul instrument qui convienne pour cette sorte de culture qui est toujours difficile dans les premiers labours. Avec une charrue légère on ne fouilleroit pas la terre à une profondeur assez considérable ; on ne la renverseroit point aussi parfaitement qu’elle doit l’être après avoir été si long-temps inculte ; les sillons n’auroient ni la largeur ni la profondeur requises, pour bien diviser & ameublir une terre qui doit former de grosses mottes, attendu son état de friche.

3o. Quand on veut réduire en état de culture des terreins qui sont en prés naturels ou artificiels, & qu’on ne veut point leur donner la première culture à la bêche, parce qu’il faudroit employer à cet ouvrage beaucoup de temps, on les laboure avec une forte charrue tirée par un bon attelage. Ces terres ayant demeuré long-temps en repos, le premier labour doit être très-difficile, & former de grosses mottes, quoiqu’il soit fait après un temps de pluie. On évite beaucoup de peine, & la culture en est meilleure, quand on commence par passer deux fois, la charrue à coutres sans soc, en croisant les premiers traits la seconde fois, le terrein étant bien coupé, une forte charrue prend plus d’entrure, & ne traverse que de petites mottes. Le labour exécuté de cette manière, c’est-à-dire, en premier lieu avec la charrue à coutres sans soc, & en second lieu avec une forte charrue, en est beaucoup mieux fait : quoique cette multiplicité d’opérations semble exiger bien des journées, il est certain qu’on emploie moins de temps, parce qu’étant peu difficiles, l’ouvrage va assez vîte.

4o. Les terres qui sont en jachères depuis plusieurs années, sont quelquefois plus difficiles pour les premiers labours que les anciennes prairies, sur-tout si elles ont servi de chemin. Quoiqu’on ait attendu qu’elles fussent bien détrempées par la pluie, on risque souvent de briser les plus fortes charrues en les labourant pour la première fois : c’est pourquoi il est essentiel de n’y passer la charrue ordinaire, c’est-à-dire, la charrue à versoir, ou tout autre de cette espèce, qu’après avoir bien coupé la terre avec la charrue à coutres sans soc. M. D. L. L.


CHASSELAS. (Voyez Raisin)


CHÂSSIS, jardinage. (Voyez Planche 5) Se dit en général d’un bâti de bois peint à l’huile, & garni de panneaux de vitres : ceux qui désirent ne pas revenir souvent à sa construction, font les panneaux en fer. Après ce métal, le bois de chêne est à préférer, celui de châtaignier vient ensuite. On doit choisir des bois parfaitement secs, sans quoi la chaleur humide des couches, unie à l’action du soleil, fait tourmenter & déjeter