Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/153

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terres couvertes de bois qu’on veut détruire ; 2o. les landes ; 3o. les prairies & les terres ensemencées de sain foin, de luzerne, de trèfle ; 4o. les terres qui sont en jachères depuis long-temps. On conçoit qu’il n’est point possible de cultiver ces sortes de terreins, pour la première fois, comme ceux qu’on laboure régulièrement tous les ans.

1o. Quoique les bois d’une terre qu’on veut cultiver soient coupés ou brûlés, on ne peut point y passer la charrue, qu’on n’ait auparavant arraché les souches & les racines : s’il n’y a pas de broussailles, on est dispensé d’avoir recours à la charrue à coutres sans soc, même pour le premier labour. Les fouilles qu’on est obligé de faire, retournent & remuent assez bien la terre, pour qu’on soit dispensé de la couper avec la charrue à coutres, avant d’y mettre la charrue ordinaire. Quand toutes les fouilles sont faites, on égalise, autant qu’il est possible, le terrein ; ensuite on y donne un labour avec la charrue à versoir ; quelque léger que soit le terrein, on ne doit point le travailler, pour la première fois, avec une charrue légère, parce qu’elle ne fouille point la terre à une profondeur aussi considérable que la charrue à versoir, ou tout autre de même espèce, n’étant pas possible de lui faire prendre autant d’entrure qu’à une forte charrue : d’ailleurs, quelque exactitude qu’on ait mise à arracher toutes les souches & les racines, il est possible que quelques-unes soient restées, sur-tout celles qui sont cachées entre deux terres, & qu’on n’apperçoit pas pour cette raison : elles seroient donc un obstacle très-grand pour une charrue légère qui les rencontreroit dans le cours de sa marche ; le conducteur ne connoissant point toute la résistance qu’elles peuvent opposer, forceroit l’attelage de tirer, & la charrue n’étant point assez forte se briseroit.

2o. On appelle des landes, des terres qui sont couvertes de genêts, de joncs marins, de fougère, de bruyères, de ronces, de genièvre & de quelques broussailles que ce soient. Dans cet état de friche où sont les terres, il est impossible d’y mettre aucune espèce de charrue : quelque considérable que fût l’attelage, il parviendrait difficilement à tirer, & on courroit risque de tout briser. Avant l’opération de la charrue, il faut donc ou brûler ou arracher. Quand les plantes ne sont pas fortes, comme la fougère, le jonc marin & de jeunes bruyères, on peut simplement y passer la faux ; cependant le meilleur expédient est celui de brûler, parce qu’on détruit par le feu la semence qui germeroit l’année suivante.

Après avoir brûlé toute la superficie d’une lande, ou coupé toutes les plantes, on ne passe point la charrue, qu’on n’ait auparavant arraché les principales & grosses racines à la pioche ; telles, par exemple, que celles des genièvres, des houx, des buis, des épines & des autres arbustes. Quand cette opération est faite, on passe la charrue à coutres sans soc, lorsque le terrein a été un peu détrempé par la pluie : en la passant une seconde fois, on croise les premières raies, afin de couper exactement toutes les racines. Toute la superficie du terrein étant bien coupée par les coutres,