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détails nécessaires à l’entretien & à la conduite des taillis de châtaigniers ; ce seroit faire un double emploi, & répéter ce qui sera dit au mot Taillis. (Voyez ce mot)


CHAPITRE V.

De la Transplantation & des soins d’une Châtaigneraie.


Après quatre ou cinq ans, suivant la force ou la foiblesse de l’arbre, il est temps de songer à le tirer de la pépinière, & de l’établir à demeure. Avant la transplantation, il est essentiel que les trous soient faits pour recevoir les arbres. C’est ici que toute petite économie se change en une lésine dangereuse, lorsqu’on n’ouvre pas les fosses sur une grandeur convenable. Que les trous aient au moins cinq & même six pieds de largeur, sur une profondeur de deux à trois, suivant le fond du sol, & que ces trous aient été ouverts plusieurs mois d’avance, & réparés ainsi qu’il a été dit.

Avant d’enlever les arbres de la pépinière, il faut ouvrir à l’un des bouts une tranchée de deux ou trois pieds de profondeur, sur toute la longueur de cette partie de la pépinière, en poussant toujours la terre derrière soi. On fouille ainsi jusque au-dessous des racines, & par ce moyen on les détache de la terre sans les endommager : la terre de la superficie n’étant plus soutenue à sa base, tombe dans la tranchée, & elle est, ainsi que l’autre, poussée derrière le travailleur : enfin, on continue à miner ainsi tout le terrein de la pépinière, & on en tire chaque arbre sans endommager les racines. Je sais que l’opération que je propose trouvera beaucoup de contradicteurs : l’un m’objectera la coutume, l’autre l’expérience ; & je leur demanderai à mon tour, de juger mon assertion par une expérience comparée. En effet, pourquoi, lorsqu’il s’agit d’une transplantation un peu considérable, périt-il un si grand nombre d’arbres ? La raison en est simple. On a mutilé les racines, & par-là on a privé l’arbre des seules ressources fournies par la nature, & qui assurent sa reprise. Je conviens que ces racines ainsi châtrées, poussent à la longue de nouvelles radicules, qui rendent la vie à l’arbre affamé ; mais jusqu’à cette époque l’arbre a souffert. (Voyez le mot Racine)

Je préfère les transplantations faites aussi-tôt après la chute des feuilles, à celles qui s’exécutent en février ou en mars. 1o. À la première époque, on a le choix du jour, & par conséquent on saisit l’instant où la terre n’est ni trop mouillée ni trop sèche ; 2o. l’affaissement naturel de la terre fait que, pendant l’hiver, elle se colle & s’unit aux racines, de manière qu’il ne reste point de vide ; 3o. l’eau des pluies, des neiges, filtrée par la terre remuée, pénètre plus profondément dans le sol au-dessous des racines de l’arbre, & y maintient une humidité précieuse, sur-tout si le printemps ou l’été n’est pas pluvieux, &c. : au contraire, dans la transplantation après l’hiver, l’humidité s’échappe facilement d’une terre nouvellement remuée, & s’il ne survient pas des pluies, il reste des vides entre les molécules de la terre & les racines, & dès-lors les racines s’y chancissent ; enfin, ces