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sauvage, l’endive ou scariole, & la chicorée épineuse, dont il est inutile de parler ici. Nous ne le prendrons pas ici pour guide, puisqu’il faut parler le langage des jardiniers, & non celui des botanistes.

II. Description des espèces de chicorée, & des espèces jardinières. La chicorée amère fait bande à part, & constitue le premier ordre ; la chicorée scariole le second, & la chicorée endive le troisième.


Premier Ordre.


Chicorée amère, ou Chicorée sauvage. Cichorium entibus. Lin. Sa tige s’élève depuis un jusqu’à trois pieds, suivant le local ; elle est simple, ferme, tortueuse, herbacée, rameuse ; les feuilles sont placées alternativement sur ces tiges ; les fleurs naissent au sommet des aisselles des feuilles. La couleur des feuilles est d’un vert foncé, elles sont en forme de fer de lance, quelquefois dentées, sinuées, & la nervure saillante qui la traverse d’un bout à l’autre, est ordinairement rougeâtre. En général, les feuilles ne sont pas couchées sur terre comme celle des autres chicorées : sa racine est en forme de fuseau, fibreuse, remplie d’un suc laiteux. Cette plante, qu’on ne doit pas confondre avec le pissenlit, ou dent de lion, est cultivée dans les jardins ; on la trouve sur les bords des chemins, des champs, &c. Elle fleurit en juin, juillet, août & septembre, suivant les climats ; la couleur de la fleur est d’un bleu céleste. Il y a une variété dont les feuilles sont panachées de rouge foncé.


Second Ordre.


Chicorée scariole. Je place celle-ci dans le second ordre, parce que je la regarde comme une espèce hybride, c’est-à-dire, formée par le mélange des étamines, ou poussière fécondante de la chicorée sauvage & de la chicorée endive. (Voyez ces mots) Il y a deux espèces de scariole, la grande à feuilles entières, & la moins grande à feuilles moins découpées que celle des endives. La première se rapproche de la chicorée sauvage par la forme de sa feuille entière, sans être découpée, ni frisée comme celle de l’endive. Elle est étroite à sa base, s’élargit dans le milieu, & se termine en pointe arrondie ; elle est d’un vert plus pâle que celui de la chicorée amère, & plus foncé que celui de l’endive. Semblables à celles de la chicorée sauvage, ses feuilles se tiennent droites, sur-tout celles du milieu, & celles des bords ne sont jamais parfaitement étendues sur le sol. On pourroit la caractériser par cette phrase botanique : cichorium hybridum, latifolium, integrum, sinuatum. C’est vraiment une espèce jardinière qui se perpétue.

Il existe une seconde espèce, dont les feuilles sont moins amples, moins longues que celles de la première, & quelquefois elles sont un peu découpées. Plusieurs jardiniers donnent le nom de scariole commune à celle dont il est question, & nomment l’autre scariole de Hollande, presque du double plus grande que la scariole commune. Il est constant que la patience, les soins & le zèle des hollandois, pour perfectionner les espèces, leur a procuré des plantes monstrueuses en grosseur. Il est donc à présumer que c’est à ce peuple industrieux que l’on doit la grande scariole. Je la cultive depuis deux