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une bonne plante. Dans nos provinces bien méridionales, à la fin du mois de juillet, ou au milieu d’août, la graine est mûre ; elle l’est en septembre dans celles moins échauffées par le soleil, & plus tard dans nos provinces du nord.

Lorsque les tiges ont changé de couleur, c’est le signe de la maturité de la graine, & on doit l’attendre. Elle est si adhérente au calice, que l’on est presqu’obligé de la battre au fléau. Quelques Auteurs recommandent de mouiller les tiges, & de les battre toutes mouillées. Sans doute que, par cette opération, les membranes du calice se distendent, se relâchent, & laissent à la graine une plus grande facilité pour s’en détacher. La précaution est excellente.

La semence de chicorée peut se conserver très-long-temps, pourvu qu’elle soit tenue dans un lieu sec. Après dix ou douze ans, elle est encore bonne à semer. Malgré cela, choisissez toujours la plus récente, & au plus, celle de deux ans.

Des ennemis des Chicorées. La courtilière, le ver blanc ou ver du hanneton, le ver du scarabée, nommé le moine ou le rhinocéros, à cause de la corne placée sur sa tête. Sur la gravure qui accompagnera le mot Insecte, on verra la représentation de ces animaux mal-faisans.

La courtilière, par la double scie en manière de ciseaux, dont chacune des deux pattes de devant est armée, coupe la racine entre deux terres, & elle est très-expéditive dans son opération nocturne. Le soleil du lendemain dessèche la plante. Le ver du hanneton & celui du moine coupent également la racine avec les deux crochets pointus, dont le devant de leur bouche est armé, & ils se nourrissent de la substance de la racine, qui est fort de leur goût. On est sûr, en fouillant la terre, de les trouver. On peut les donner à manger aux poules, aux dindes & aux canards ; c’est un morceau friand pour eux. Il n’en est pas ainsi des courtilières, parce qu’elles coupent ce qui s’oppose à leur passage, & poursuivent leurs galeries souterreines. C’est donc au jardinier vigilant à visiter ses planches de chicorée ; & dès qu’il s’apperçoit du premier ravage, il doit chercher l’ennemi, jusqu’à ce qu’il l’ait trouvé, & l’exterminer, afin de conserver ce qui lui reste. Plus l’année aura été abondante en hannetons, plus il y aura de vers blancs ; ils font plus de dégâts à la seconde année, qu’à la première, parce qu’ils sont plus gros, & ont besoin de plus de nourriture.

Des propriétés des Chicorées… De la Chicorée amère. Ses feuilles fortifient l’estomac, favorisent la digestion, diminuent la diarrhée par foiblesse d’estomac, la diarrhée bilieuse & la diarrhée séreuse. La racine détermine les urines à couler en plus grande quantité, sans échauffer ni irriter les voies urinaires ; mais son trop long usage dérange la digestion. Elle est indiquée dans la colique néphrétique, causée par des graviers, dans la jaunisse par obstruction des vaisseaux biliaires, dans l’œdème, l’hydropisie de matrice, l’hydropisie simple de poitrine, les obstructions des uretères par des matières visqueuses. Cette plante est laiteuse, amère, peu odorante. On donne le suc exprimé des feuilles, depuis deux jusqu’à six onces ; les feuilles récentes depuis une once jusqu’à quatre,