Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/299

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

infusées dans cinq onces d’eau ; la racine sèche, depuis une once jusqu’à deux onces, en décoction dans dix onces d’eau. On tient dans les boutiques une eau distillée de cette plante, dont les propriétés ne diffèrent en rien de celles de l’eau pure de rivière. On a tort de penser que la chicorée amère soit rafraîchissante : tout amer échauffe.

Des Endives. Leurs semences sont mises au nombre des quatre semences froides mineures ; elles tempèrent la soif, l’ardeur de l’estomac & des intestins, nourrissent légérement, modèrent l’ardeur des urines, calment la colique néphrétique par des graviers avec disposition inflammatoire. La racine rend la secrétion & l’excrétion des urines plus abondantes. On donne les semences triturées, depuis demi-drachme, jusqu’à une drachme en macération au bain-marie dans six onces d’eau, & l’usage de leurs racines est comme celui de la chicorée amère.

Quant à leurs propriétés alimentaires, elles sont assez connues : l’apprêt des chicorées n’est pas de notre compétence ; elles sont une très-bonne nourriture pour les moutons, les chèvres & le bétail.


CHICOT. Reste d’un arbre qui sort de terre, & que les vents ont coupé ou abattu. Ce mot a une autre acception en fait de jardinage : on désigne par lui une branche morte, sèche, vieille ou mourante, défectueuse en tout genre, remplie de chancres, &c. ou une partie considérable d’une telle branche, que, par négligence, on n’a pas ôtée. Le chicot diffère donc de l’argot, en ce que celui-ci n’est qu’un morceau de bois oublié d’être coupé sur une branche ou sur un tronc. Ceux qui pincent souvent leurs arbres, sont sujets à avoir beaucoup d’argots, qui échappent à la vigilance de celui qui les taille : alors on dit qu’il chicotte. Tout bois mort, tout chicot, tout argot, qui empêchent que l’écorce ne recouvre la plaie, nuisent essentiellement à l’arbre.


CHIEN, Économie Rurale. Quand M. de Buffon a dit que le premier art de l’homme a été l’éducation du chien, & le premier fruit de cet art, la conquête & la possession paisible de la terre, il me semble qu’il a oublié le fruit bien plus précieux que toutes ses conquêtes, celui de l’acquisition d’un ami, dans lequel il trouve sans cesse un compagnon fidèle, un aide adroit & industrieux, & un défenseur courageux & prêt à chaque instant à sacrifier ses jours pour les siens. Voilà, je crois, le vrai point de vue sous lequel il faut considérer le chien. Cet être, le chef-d’œuvre & le plus parfait des animaux, puisqu’il réunit une espèce d’esprit, beaucoup de mémoire, & plus que tout cela, du sentiment. Au-dessous de l’homme, parce qu’il ne jouit pas, comme lui, de ce rayon lumineux, de cette ame intellectuelle, qui le sépare des brutes & le rapproche de la divinité ; il est à la tête de la classe immense des animaux, & il semble leur être infiniment supérieur. Quoi de plus beau, de plus régulier, qu’un chien de belle race, & que la domesticité n’a pas fait dégénérer ! Forme élégante & agréable, belle robe, couleur tranchante, souplesse réunie avec la vigueur des membres, la tête haute