Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

entrelacées les unes dans les autres. Cette plante a les mêmes propriétés que la précédente, & s’emploie au même usage. Les habitans du nord, dans le temps de disette, font une sorte de pain avec sa racine pulvérisée & réduite en farine.

Ces plantes multipliées dans les champs, dans les vignes, &c., sont le fléau du cultivateur, & annoncent hautement sa négligence. Il en est sévèrement puni par le tort réel qu’elles font aux moissons. M. Diancourt a imaginé une espèce de râteau, capable d’arracher le chiendent. Qu’on se figure la tête d’un râteau ordinaire, mais beaucoup plus longue & plus large, armée d’un rang de longues dents de fer, terminées en crochet, qui entrent dans la terre ; & à mesure que l’animal attaché pour tirer ce râteau, ou espèce de herse, avance, les dents arrachent le gramen & le portent à la supercificie du terrein. Ce moyen & tant d’autres proposés, sont des amusettes. La pioche seule est capable de les détruire, & il faut être très-soigneux à ne pas laisser, je ne dis pas l’apparence des racines, mais même des tiges brisées, parce que toutes les plantes graminées, naturellement vivaces, poussent, avec une facilité extrême, de nouvelles racines à chaque nœud : dès-lors on ne doit plus être surpris qu’une seule tige de chiendent ait recouvert plusieurs toises de largeur, dans le courant d’une à deux années. Je le répète, il faut la pioche, la charrue le détruit très-imparfaitement.


CHIFFONE. (Branche) Expression employée par quelques jardiniers, pour désigner, soit un amas de bourgeons, petits & multipliés sur une même branche, ou ce qui revient aux branches en forme de tête de saule.


CHOLERA-MORBUS, ou Trousse-Galant, Médecine rurale. Le cholera-morbus, ou trousse-galant, est une maladie aiguë, dans laquelle le malade rend, par haut & par bas, une quantité prodigieuse de substances aigres, bilieuses, jaunes, vertes & noirâtres : ces évacuations abondantes sont précédées & suivies d’anxiétés, de tranchées, de foiblesses, d’évanouissement & de convulsions.

Le cholera-morbus a son siège dans le premier des intestins, celui qui communique à l’estomac, & qu’on désigne sous le nom de duodenum.

C’est dans l’automne que cette maladie a coutume de paroître, plutôt que dans les autres saisons de l’année, sur-tout si l’été a été très-chaud, si les fruits aigrelets ont été rares, si on en a négligé l’usage pour tempérer l’acrimonie de la bile, & si on a mangé beaucoup de fruits cruds, lourds & indigestes.

Cette maladie peut encore exercer ses ravages, lorsqu’un sujet quelconque est tourmenté depuis long-temps par des passions violentes & profondes, & qu’il est forcé, par les circonstances de la vie, de les renfermer dans son sein. Après des indigestions fortes & souvent répétées, soit par la gourmandise, soit par la foiblesse des organes de la digestion, il n’est pas rare de voir paroître le cholera-morbus. L’usage des émétiques & des purgatifs violens ; l’usage des plantes vénéneuses & des poisons tirés des autres règnes de la nature, donnent aussi naissance à cette affreuse maladie.