Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle est des plus meurtrières ; souvent on la confond avec l’indigestion, & on donne des remèdes chauds, & des émétiques qui précipitent la mort du malade. Il n’est pas rare de voir les tempéramens les plus forts succomber aux violentes secousses du mal, en moins de trois jours : les personnes qui réunissent toutes les causes qui peuvent déterminer l’apparition de cette maladie, succombent dans un espace de temps moins long. Nous en avons observé, sur-tout dans les grandes villes, où tous les fléaux destructeurs du genre-humain semblent s’être réunis à l’envi ; nous en avons vu, disons-nous, expirer en moins de vingt-quatre heures.

Le malade attaqué du cholera-morbus ou trousse-galant, éprouve d’abord des anxiétés vers les trobicules du cœur, dans la région de l’estomac, les nausées se font sentir, le vomissement suit ; il est composé de matières bilieuses, jaunes, vertes, mucilagineuses & noirâtres. Les foiblesses s’emparent du malade ; la diarrhée suit le vomissement ; elle est annoncée par des coliques plus ou moins violentes, & les matières qui sortent par cette voie, sont de même nature que celles qui se sont fait jour par le vomissement ; il est tourmenté par la soif la plus ardente. Les syncopes suivent ces évacuations, & elles sont plus ou moins rapprochées, suivant la quantité des évacuations, soit par le vomissement, soit par la diarrhée.

Les évacuations sont quelquefois si prodigieuses, qu’on voit le malade maigrir sensiblement d’une heure à l’autre ; ses extrémités deviennent froides, le poulx se concentre, & il est petit & foible pendant toute la durée de cette crise violente ; le malade expire bientôt dans un état convulsif.

Le traitement de cette maladie est d’autant plus difficile, qu’elle est effrayante, & que le plus souvent la terreur s’empare des gens qui environnent le malade, & qu’ils précipitent les secours sans ordre & sans intelligence.

Quoique cette maladie soit le plus souvent mortelle, elle est moins meurtrière de nos jours qu’elle l’étoit autrefois ; les anciens employoient les saignées & les purgatifs, & aucun malade ne réchappoit : les ignorans n’ont conservé des anciens que cette méthode pernicieuse, & ils ont les mêmes succès.

Lorsqu’un malade est attaqué du cholera-morbus, ou trousse-galant, il faut lui faire boire abondamment l’eau de poulet, ou de veau très-légère, de la dissolution de gomme arabique dans de l’eau, ou le mucilage des graines de lin & autres, & de temps en temps quelques verres de lait d’amandes ou émulsion.

Il faut lui baigner les pieds dans l’eau tiède, & lui donner souvent des lavemens composés comme les boissons ci-dessus, qu’il faut rendre plus épaisses.

En usant de ces moyens, on adoucit l’acrimonie de la cause matérielle de la maladie, on en facilite la sortie ; au lieu que ces substances fortes & spiritueuses, renferment, par leur action astringente, cette même cause matérielle, & la gangrène s’empare rapidement du malade.

Lorsque les évacuations sont suffisantes, & que les forces du malade commencent à s’épuiser, on applique