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charnu, quelquefois creusé en gouttière à sa partie inférieure ; l’extérieure est arrondie. Ces feuilles sont légèrement découpées à leur base, presque rondes à leur sommet, légèrement sinuées, & les sinus obtus. La base des feuilles est découpée en oreillettes, & ces découpures varient beaucoup ; toutes ces feuilles sont entièrement lisses, douces au toucher, & leur couleur approche de celle du vert de mer.

Les feuilles des tiges sont entières, faites en forme de cœur alongé par la pointe, & embrassent la tige par leur base ; de manière qu’on diroit qu’elle sort du milieu de la feuille.

La racine est pivotante, menue, fibreuse. Lorsque la plante est venue sans culture, & naturellement, sa tige s’élève depuis douze jusqu’à dix-huit pouces, & jusqu’à cinq pieds, & même plus, lorsqu’elle est convenablement cultivée. Cette tige se divise à son sommet en un grand nombre de rameaux alternativement placés, & en manière de spirale, recouverts par une feuille dans l’endroit de leur insertion à sa tige. Les fleurs naissent au sommet des rameaux ; elles sont jaunes, & la silique qui leur succède, est ordinairement jaunâtre dans sa maturité, & quelquefois rougeâtre, suivant les coups de soleil que le fruit a éprouvé.

On connoît deux variétés du colsat ; l’une nommée colza blanc, parce que les pétales ou feuilles de la fleur, sont blancs ; & le colza froid, dont les feuilles sont plus grandes & plus épaisses. Cette dénomination lui vient de ce qu’il supporte mieux les rigueurs de l’hiver.

II. Chou en arbre, ou Chou en chèvre, ou grand Chou vert. La première dénomination indique la hauteur de la plante, proportion gardée avec celle des autres choux, la seconde, qu’elle est destinée aux animaux de la ménagerie, & la troisième, la couleur de ses feuilles en général. De toutes les espèces de choux, c’est une de celles qui a produit le plus grand nombre de variétés. C’est le brassica arborea, de Morison.

Ce chou s’élève ordinairement à la hauteur de six pieds ; il pousse le long de sa tige, depuis le pied jusqu’à la tête, des feuilles qu’on peut cueillir d’un jour à un autre, à mesure qu’elles se multiplient. N’est-ce point aussi par le retranchement successif de ces feuilles que la tige s’élève, parce que la sève est obligée de se porter vers les feuilles du sommet, qui l’attirent avec force, jusqu’à ce que la grande masse soit retenue en partie par les feuilles qui naissent de nouveau vers le bas ? Il est certain que sans ce retranchement, la tige parvenue à une certaine hauteur, garnie de ses feuilles, pommeroit, & qu’elle acquéroit plus de consistance, au lieu de filer. Les feuilles, soutenues par de longs pétioles, ou côtes presque rondes & dures, sont grandes, peu épaisses, plates & peu frisées sur leurs bords. Il y a une autre espèce, dont les bords des feuilles sont presque aussi frisés que des chicorées ; d’autres, dont les feuilles frisées sont panachées de jaune, de rouge, &c. ; & par la bigarrure de leur couleur & de leur forme, elles offrent un coup d’œil très-agréable. Ces variétés de choux vivent deux ans. Ces dernières espèces sont le brassica sabellica, du chevalier von Linné. On l’a désigné en françois,