Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/320

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sous la dénomination de chou frangé, ou de chou d’Espagne.


CHAPITRE III.

De la culture des Choux.


Tous les choux, en général, demandent un bon terrein, bien substantiel & frais. Il réussit mal dans les terreins maigres, sablonneux, même malgré les irrigations. Les sols forts, nouvellement dérompus, leur sont très-profitables. J’ai vu des choux cabus, monstrueux par la grosseur, dans un plantier de vigne, dont le terrein avoit été défoncé à dix-huit pouces. Ils n’auroient pas si bien réussi dans les provinces méridionales, à cause de la sécheresse des étés.


Section première.

De celle des Choux du premier ordre, ou Chou fleur & Brocoli.


I. Chou fleur. Plus cette espèce s’éloigne des pays méridionaux, plus elle diminue de qualité & de grosseur ; il convient donc, dans les provinces du nord, de prendre de grandes précautions, afin de se procurer de bonne heure cette agréable production.

Chou fleur hâtif. Si on désire jouir de bonne heure, il convient de semer le chou fleur tendre ou hâtif, le premier. Il n’est pas le meilleur au goût, mais il est plus printanier. À Paris & dans ses environs, où le fumier de litière surabonde, on le sème en janvier sur une couche (voyez ce mot) qui a jeté son grand feu. La graine est jetée de distance en distance, dans l’espace que peut recouvrir une cloche de verre ; elle est enterrée, & la cloche mise par-dessus. Si, au contraire, la couche est établie sous un châssis, on sème à la volée, sur toute sa superficie & on rabat le châssis, en observant cependant, ainsi que pour la cloche, d’en tenir une partie légèrement soulevée, afin de laisser respirer la plante, & faciliter l’issue de la grande humidité qui s’élève de la couche. Si après le semis, & lorsque la jeune plante commence à sortir de terre, la saison devient trop rigoureuse, le froid âpre & très-vif, c’est le cas de recouvrir le tout avec de la paille longue, pendant la nuit, de la retirer pendant le jour, lorsque le soleil paroît, & autant de fois qu’il est possible. Sans cette précaution, la plante s’étioleroit ; & si l’étiolement (voyez ce mot) est considérable, la plante réussira mal dans la suite.

Dès que la graine a germé, dès qu’elle a poussé hors de terre son premier dard, que ses deux lobes entr’ouverts ont formé ses deux feuilles séminales, qui ont la forme d’un rein, c’est le moment de transporter ces plantules sur une autre couche, de les espacer d’un demi-pouce, de les arroser légèrement, afin de serrer la terre contre leurs radicules ; enfin, de les couvrir avec des cloches, ou avec un châssis. (Voyez ces mots)

En mars, on les transplante de nouveau sur une autre couche, depuis douze jusqu’à dix-huit lignes de distance les uns des autres, & on les recouvre avec les cloches, ou avec les châssis. On leur donne souvent de l’air, soit afin de les y accoutumer, lorsqu’ils seront en pleine terre, soit pour les endurcir contre les