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la forme des racines d’une plante. Si la racine est pivotante, & qu’elle ne puisse pas s’enfoncer aisément dans le sein de la terre, qu’elle soit obligée de gagner en surface ce qu’elle auroit acquis en profondeur, que peut-on en attendre ? C’est, de propos délibéré, contrarier les loix de la nature. Ainsi, un seul sillon ne soulève pas assez de terre, & la soulève en mottes ; il faut absolument croiser & recroiser, & encore cette méthode est-elle vicieuse, parce qu’on est obligé de donner les labours coup sur coup. Semez en pépinière, & vous aurez le temps de semer vos champs.

3°. Des semailles. La moindre distance à donner, est d’un pied d’une plante à une autre, & même de dix-huit pouces : mais, en semant aussi épais la graine que le blé, que de plantes à arracher ! On ne pourra enlever hors de terre les plants surnuméraires, sans endommager la racine pivotante de ceux qui restent en place.

Si on veut absolument semer le colza, il vaut mieux le faire sur le second sillon, & le couvrir par un troisième coup de charrue. Dès lors les semences seront soustraites à la voracité des oiseaux, des mulots, & moins exposées à l’action directe du soleil qui les dessèche, moins rassemblées en masse par la pluie, dans un même sillon, si elle est abondante, & surtout sur les terreins un peu en pente. Enfin, on ménagera, de distance en distance, des sillons de communication, afin d’écouler les eaux, & de prévenir les courans.

4°. Herser. La herse doit être armée de dents de six pouces de longueur, espacées les unes des autres à la distance de six pouces, & le derrière de cette herse, garni de broussailles chargées par une pièce de bois, afin d’unir le terrein.

5". Sarcler. Il ne s’agit pas seulement d’extirper les mauvaises herbes ; il faut encore enlever, aussi souvent qu’il est nécessaire, les plants surnuméraires, éviter de les casser près du collet, mais les arracher complètement avec leurs racines. Cette opération ne sera jamais bien faite qu’après la pluie. Le meilleur sarclage se fait la piochette à la main, & il équivaut alors à un petit labour.

III. Des travaux nécessaires pour la conduite d’une pépinière. Le propriétaire qui songe plus à la quantité qu’à la qualité, choisira pour sol de la pépinière un terrein semblable à celui dont on a parlé : l’amateur de la qualité, au contraire, préférera un terrein sablonneux, parce que la germination qui s’exécute dans ce terrein, diminue une grande partie de l’esprit recteur, & que c’est la combinaison de cet esprit, avec l’huile grasse, ou plutôt sa réaction sur elle, qui lui communique l’acrimonie dont on se plaint. C’est ce que l’on fera connoître en parlant des huiles.

Ces deux genres de terrein seront exactement défoncés, bien fumés, surtout le premier, & le labour le plus avantageux sera celui fait à la bêche ; (voyez ce mot) il suppléera à tous les autres.

Le terrein de la pépinière sera divisé par planches ou tables, larges de cinq pieds seulement. On sarcle celles-ci plus commodément, & on n’est pas contraint de fouler la terre, & de piétiner les jeunes plants.