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On doit pratiquer un fossé d’un pied de largeur, entre chaque table. La terre de ce fossé sera jetée sur la table, & on la bombera le plus qu’il sera possible. Le fossé sert à l’écoulement des eaux, & de sentier par lequel les femmes & les enfans passent pour sarcler.

Un point essentiel est de ne pas semer trop épais la graine de colza. S’il faut beaucoup de sujets, il vaut mieux agrandir la pépinière.

L’usage des pépinières permet le choix du temps pour semer : l’on doit donc choisir un beau jour, & lorsque la terre n’est ni trop sèche ni trop humide. Il vaut mieux tracer des sillons espacés de huit à dix pouces, & les semer, que de semer à la volée. Ces sillons procurent la facilité de piocheter, de temps à autre, entre chaque rang, sans endommager les jeunes plants.

On sème communément partout au mois de juillet : je préférerois le mois de juin, parce que lorsqu’on le sortiroit de nourrice en octobre, c’est-à-dire, au temps de la replantation, il craindroit moins les rigueurs de l’hiver, surtout le colza blanc.

Celui qui aura semé en terrein sablonneux, doit avoir de l’eau à sa disposition, afin d’arroser sa pépinière beaucoup plus souvent que celui qui aura semé dans une bonne terre végétale, & il transplantera, dès que la plante aura la consistance nécessaire ; car, malgré ses soins & ses arrosemens, les plantes rabougriroient, s’il attendoit plus longtemps.

IV. Des travaux qu’exige le champ destiné à la replantation du Colza. Le cultivateur, qui fait usage des pépinières, ne sera pas harcelé par le temps & les circonstances, afin de donner à son champ les labours convenables. Il a, pour le préparer, depuis que le blé est coupé, jusqu’au commencement d’octobre, qu’il doit le replanter : ainsi, même après la moisson la plus tardive, il lui reste deux mois ; tandis que celui qui sème d’abord après la récolte, est forcé de travailler aussitôt, quelque temps qu’il fasse.

On doit choisir le temps le plus avantageux à chaque labour. Ceux donnés lorsque la terre est trop mouillée, sont plus nuisibles qu’utiles ; & ceux pendant la grande sécheresse, ne fouillent pas la terre assez profondément.

Avant de commencer le premier labour, il faut fumer largement : le premier labour, donné avec la charrue à versoir ou à large oreille, enterrera le fumier. Celui qui restera exposé à l’ardeur du soleil, pendant l’été, s’y consumera en perte.

Le second labour sera donné dans le milieu du mois d’août, en observant de ne pas croiser les sillons, mais de les prendre obliquement : la terre en est plus ameublie. Le troisième labour, donné peu de jours avant de transplanter, croisera les deux premiers, & toujours obliquement ; il restera moins de terre grumelée.

Si on travaille son champ à la bêche, cette opération suppléera tous les labours. (Voyez au mot Bêche, les avantages de ce labour.) Soit qu’on laboure le sol avec la charrue, soit à la bêche, il convient de disposer le terrein en tables, & de les bomber dans le milieu, La terre qu’on sortira des petits fossés, servira à les bomber. Le colza craint