Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’humidité ; cette précaution est donc essentielle dans les pays où les pluies sont fréquentes.

V. Du temps, & de la manière de replanter le Colza. Le commencement d’octobre est la saison convenable ; les rosées sont plus fortes, las pluies plus douces, le soleil moins chaud, & la plante reprend plus facilement que dans tout autre temps. Plus on retarde, moins l’on réussit.

On choisira, s’il est possible, pour cette opération, un temps disposé à la pluie, ou un temps couvert, à moins qu’on ait la facilité d’arroser la nouvelle plantation. Le soleil trop ardent dessèche les feuilles, & les feuilles sont aussi essentielles à la reprise de la plante, que les racines mêmes.

Il faut avoir soin, quand on enlève les plants de la pépinière, de les soulever avec une manette de fer, de ne point briser les feuilles, de ne point endommager les racines, & surtout de ne pas faire tomber la terre qui les recouvre ; ce qui s’exécutera commodément, lorsque la terre sera humide, & surtout si la pépinière a été disposée en sillons. Si, dans ce moment, le terrein étoit trop sec, il conviendroit de l’arroser l’avant-veille & la veille, sans prodiguer l’eau.

De toutes les erreurs, la plus absurde est d’imaginer qu’on doive châtrer les racines, & couper les sommités des feuilles : autant vaudroit couper les doigts des pieds d’un homme, afin de le faire marcher plus vite. Au mot Racine, je démontrerai l’abus de cette suppression.

À mesure que l’on enlève les plants de la pépinière, il faut les disposer, rang par rang, dans des paniers, dans des corbeilles, ou sur des claies, & les recouvrir avec des linges épais & mouillés, & on n’arrachera que ce qui peut être planté dans une matinée, ou dans la soirée ; il vaut mieux retourner plus souvent à la pépinière, que de laisser faner les plantes.

On sera encore très-scrupuleux sur le choix des plants : les verreux & les languissans seront sévèrement rebutés. On ne peut en attendre aucun profit réel.

On se sert communément d’un plantoir de bois pour faire les trous : ce plantoir presse trop les côtés, les parois de la terre, & surtout du fond. Cet inconvénient n’aura pas lieu si on se sert d’une manette de fer à demi-ceintrée, d’une grandeur convenable, & semblable, pour la forme, à celle des fleuristes. Comme elle n’a que deux à trois lignes d’épaisseur, elle comprime peu le terrein, lorsqu’on l’enfonce, & il est aisé, en la faisant tourner, d’enlever, par son moyen, la terre du trou. Je conviens que l’opération sera plus longue que celle du plantoir ; mais elle sera meilleure : d’ailleurs, des femmes & des enfans peuvent s’y occuper.

Presque partout règne la manie de faire des trous à la distance d’un demi-pied les uns des autres, & à celle d’un pied sur le côté. Je demande un pied, & même dix-huit pouces en tout sens ; ce sera peu, relativement au bon terrein. Chaque trou recevra une plante seulement, & on l’enterrera jusqu’au collet. Je pensois autrefois qu’elle ne devoit être enterrée que dans les mêmes proportions que le pied l’étoit dans la pépinière ; l’expérience, comparée