ridionales, cette précaution est superflue.
CICATRICE, Médecine Rur. Marque qui reste après la guérison des plaies & des ulcères, & qui dénote que les parties ont été divisées. Cette marque est une peau nouvelle, plus dure, plus blanche, moins régulière, moins sensible & moins poreuse que la première. La peau est la seule partie qui se régénère ; on doit donc la ménager avec le plus grand soin, dans le traitement des plaies & des ulcères. Si les chairs se régénéroient, comme on le pensoit autrefois, il n’y auroit point de cicatrice, puisque la chair reprendroit la même forme qu’elle avoit auparavant. La petite vérole en offre un exemple frappant ; le bouton a rongé la chair, le creux reste, & la peau renouvelée le recouvre : il en est ainsi de toutes les plaies. On doit donc conclure de quelle inutilité est cette longue suite d’onguens & d’emplâtres appelés incarnatifs, régénératifs, & tous les systêmes enfantés pour expliquer la cicatrisation.
Cicatrice, jardinage. Il est étonnant que M l’abbé Roger-Schabol, qui a fait une étude si particulière de l’anatomie humaine, & des arbres, dise : quand une plaie cicatrise à un arbre, il se fait la même chose qu’en nous, lorsque le suc nourricier fait de nouvelles chairs & de nouvelle peau, & que la plaie se recouvre. Il est de fait que le méchanisme est le même dans l’homme & dans le végétal, nous ne cessons de le répéter & de le prouver depuis le commencement de cet ouvrage ; mais si on veut une expérience décisive,& qui démontre que le bois détruit ne se régénère pas, on peut, avec un emporte-pièce, enlever l'écorce d’un arbre, & un peu du bois du dessous. L’écorce aura bientôt formé son bourrelet tout autour, & à force de s’accroître, les bords se toucheront, se réuniront, & la plaie sera fermée. Sur le même arbre, & même assez près de la première plaie, faites-en une seconde dans le même genre, & bouchez l’entaille pratiquée dans la substance du bois, par exemple, avec une pièce d’argent de douze ou de vingt-quatre sols ; & plusieurs années après, vous retrouverez ces mêmes pièces sous l’écorce, & non recouvertes par le bois. La substance ligneuse dans l’arbre, & charnue dans l’homme, ne se régénère pas.
CIDRE. Boisson préparée avec le jus de pomme, & rendue vineuse par la fermentation.
L’usage de cette boisson n’est pas ancien en Normandie, & encore moins en Picardie. On trouve, dans les abbayes de Normandie surtout, des réglemens économiques pour la subsistance des religieux ; leur boisson y est désignée ou en vin, ou en bière ; &. il n’y est fait nulle mention du cidre : plusieurs rentes seigneuriales sont également stipulées en vin. Il y a beaucoup d’apparence que l’origine de la plantation des pommiers à cidre, ne remonte pas au-delà de 1300. Les religieux des abbayes de Saint-Etienne de Caen, de Jumièges, du Bec, de Fécamp, de Saint-Ouen, &c. pourroient, en consultant leurs archives, fournir une époque plus certaine, & je les prie de me communiquer le résultat de leurs recherches.
