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bâtons bien unis & humectés avec de l’eau fraîche : on presse d’abord légèrement en conduisant avec assez de vîtesse les deux bâtons, depuis l’ouverture jusqu’au bout du capuchon ; on réitère la pression en serrant plus fort jusqu’à ce que la cire soit toute ou en grande partie sortie du sac. On remet le marc qui reste dans l’eau fraîche, dans laquelle on le laisse deux ou trois jours se dépouiller de toute ordure ; on le fait refondre une seconde fois, ensuite on le presse comme on a déjà fait.

La première cire qui est sortie du sac se fige & se sépare de l’eau à mesure qu’elle se refroidit ; quand elle en est bien séparée, on la retire, & on enlève avec un couteau les ordures qui restent attachées au-dessous de chaque morceau. Pour en former des pains, on la remet dans une chaudière avec une moindre quantité d’eau que celle qu’on a mise la première fois ; on la fait fondre sur un feu petit & clair ; quand elle est fondue & qu’elle a été écumée, on la verse dans des vases dont l’ouverture sera beaucoup plus large que le fond, on la laisse refroidir sans toucher aux vases, qu’on peut couvrir, si l’on craint que la poussière aille s’y reposer. Quand elle est parfaitement refroidie & qu’on sort le pain, on le ratisse par-dessous pour ôter les saletés. Afin d’avoir plus d’aisance pour le sortir du vase, on prend une petite corde qu’on noue par les deux bouts, on la passe à un bâton qu’on met en travers sur les bords du vase, la corde demeure attachée à la cire à mesure qu’elle se refroidit ; & quand on veut sortir le pain du vase, ou le tire par cette corde.


Section VI.

Quelles qualités doit avoir la Cire, pour être bonne ?


Il y a beaucoup de différence entre les cires faites par diverses abeilles : elle consiste principalement en ce que les unes sont plus aisées à blanchir, tandis qu’on réussit plus difficilement à d’autres. Il y en a qui n’acquièrent jamais un degré parfait de blancheur, malgré tous les soins & toutes les peines qu’on prend pour y parvenir : telle est la cire que fournissent les abeilles de la forêt de Fontainebleau ; celle des montagnes sur lesquelles il y a beaucoup de buis, est toujours d’un plus beau blanc que celle des pays en plaine. La cire de l’île de Corse, tant estimée des romains par rapport à sa blancheur, tiroit cette qualité de la quantité de buis que les abeilles y avoient à leur disposition. La moisissure qui altère considérablement sa qualité, l’empêche d’acquérir jamais un beau blanc au blanchissage. Quand elle a été trop cuite à la première fonte, ou qu’elle a été brûlée, le blanchissage lui fait perdre difficilement la couleur brune qu’elle a prise dans la chaudière.

La cire diffère aussi beaucoup par l’odeur : celle des montagnes où les abeilles ont à discrétion toutes sortes de plantes aromatiques, à une odeur plus agréable que celle des plaines & des pays gras. La meilleure cire doit être jaune, grasse, unie, légère & d’une bonne odeur : on peut lui donner la couleur qu’on désire, elle dépend des ingrédiens qu’on y mêle ; pour l’ordinaire on a recours à cet expédient, lorsqu’elle n’est pas d’une bonne qualité, où qu’elle a été trop