Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/387

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On continue ainsi, rang par rang, de telle sorte qu’une brique soit toujours posée de façon qu’elle coupe, autant qu’il est possible, le joint qui se trouve entre deux autres briques, & augmente le nombre des rangs de briques, suivant l’épaisseur qu’on veut donner à la maçonnerie ; mais si le mur a été bien fait, le parement de deux briques d’épaisseur, dont on a parlé, suffit.

On lie toutes ces briques par une couche de cendrée, épaisse de six lignes, plus ou moins, selon la forme régulière ou irrégulière qu’elles portent, étant absolument nécessaire qu’elles soient toutes placées horizontalement.

Palladius s’explique ainsi, sur la manière dont on doit faire les citernes : « On leur donnera telle dimension qu’on, jugera à propos, suivant ses facultés, pourvu qu’elles soient plus longues que larges, & on les clorra de murs construits en ouvrage de Signia. Le sol, à l’exception des égouts, sera consolidé par une bonne épaisseur de brocailles, sur laquelle on étendra, pour la régaler, un mortier de terre cuite qui tiendra lieu de pavé ; c’est-à-dire, fait avec la brique pilée ; on polira ensuite ce pavé avec tout le soin possible, jusqu’à ce qu’il soit devenu luisant, en le frottant continuellement avec du lard qu’on aura fait bouillir ; lorsqu’il sera bien sec, & qu’il ne restera plus d’humidité capable d’occasionner des crevasses en quelque endroit, on couvrira également les murailles d’une couche pareille, & lorsque le tout sera absolument sec depuis long-temps, on y fera entrer l’eau à demeure ; voici comme on réparera les crevasses & les cavités des citernes, des lacs & des puits, ainsi que les fentes des rochers à travers lesquelles l’eau pourroit s’écouler : prendre telle quantité qu’on le jugera à propos de poix liquide, à laquelle on ajoutera pareille quantité de graisse connue sous le nom d’axunge ou de suif ; on jettera le tout ensemble dans un vase, on le fera cuire jusqu’à ce que l’écume monte, après quoi on le retirera du feu. Quand ce mélange sera refroidi, on le saupoudrera de chaux très-menue, & on le brouillera bien pour n’en faire qu’un seul tout, dont on formera une espèce de pâte entre ses doigts ; on introduira cette pâte dans les endroits gâtés, & à travers lesquels l’eau s’écoulera, & après l’avoir pressée pour la rendre compacte, on la foulera bien. »

J’ai beaucoup insisté sur les différens procédés pour construire des citernes, afin de mettre les habitans de plusieurs de nos provinces dans le cas de choisir celui qui sera pour eux le plus facile & le moins coûteux à exécuter.

Si on connoissoit l’usage des citernes, par exemple, dans la plupart des cantons de la Normandie, on ne seroit pas dans le cas de manquer d’eau, ou d’être réduit à boire celle des mares toujours trouble, & souvent croupie pendant l’été ; ceux qui habitent les terreins marécageux, aquatiques, boivent sans cesse une eau dangereuse.

Les habitans d’une partie de la Bresse, de la Sologne &c. n’auroient pas la fièvre au moins pendant six mois de l’année, si leur eau étoit salubre. Combien de métairies situées aux