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les pustules : c’est ici la troisième époque. La nature est triomphante : la plus grande partie des symptômes disparoît, surtout si l’éruption a été bien complette, & si elle n’a pas attaqué des parties essentielles, telles que les yeux, le palais, les lèvres & l’anus ; si elle s’est faite de manière à se répandre également partout, si l’inflammation qui environne la baie de chaque pustule, est dissipée, & si la peau, à l’exception des parties tuméfiées, est dans son état naturel.

IV. De l’exsiccation. La quatrième, ou dernière époque, est celle où l’humeur séparée rompt les tégumens, se fait jour au dehors, s’évacue & laisse l’ulcère à sec : c’est pourquoi nous l’appelons exsiccation.

M. Hastfer, dans son ouvrage sur la manière d’élever & perfectionner les bêtes à laine, attribue la cause du claveau à l’abondance des humeurs ; & plusieurs autres auteurs, à des miasmes venimeux, & à un levain héréditaire. Nous ne discuterons point ici la question de son origine, ni de sa nature ; ce seroit s’éloigner de notre but. Ce détail, d’ailleurs, ne seroit que de pure curiosité, & satisferoit peu des cultivateurs plus occupés du soin de sauver leurs troupeaux, que des discussions scientifiques. Nous nous bornerons seulement à prescrire ;

i°. Les précautions qu’il convient de prendre, lorsque le claveau a pénétré dans une paroisse ; 2°. d’indiquer Ses moyens curatifs contre cette maladie.

Indication du premier cas. Le claveau étant une maladie contagieuse, la véritable manière d’éviter la contagion, est de la fuir. Il faut donc,

i°. Séparer les animaux sains des malades, & envisager ceux-ci, comme ayant plus ou moins participé au premier temps de la maladie, c’est-à-dire, à l’invasion.

2°. Ceux-ci seront tenus dans la plus grande propreté ; la bergerie sera parfumée régulièrement deux fois le jour, avec les baies de genièvre, macérées dans le vinaigre, & exposées sur des charbons ardens.

3°. Les bergers, chargés du soin de ces animaux, laveront leurs mains avec le vinaigre, & changeront d’habit, s’ils veulent approcher les bêtes saines.

4°. On se gardera des animaux domestiques : les chiens, les chats, les poules portent la maladie.

5°. Les cadavres feront enterrés profondément, & dans des terreins très-éloignés du passage des troupeaux sains. C’est ce qu’on ne pratique guère à la campagne ; aussi voyons-nous que cette imprudence rend cette maladie durable, & de plus en plus contagieuse.

6°. Un bloc de sel, placé dans la bergerie, que les moutons lécheront tour à tour, sera aussi un moyen facile & peu dispendieux d’éviter la contagion.

7°. Il importe que la bergerie soit très-aérée.

Indication du second cas. Cette maladie n’est point au-dessus des ressources & du pouvoir de l’art, comme la plupart des cultivateurs le prétendent. Cette erreur, qui tient encore dans plusieurs provinces de France, cause les plus grands maux.

Le médecin vétérinaire Suédois, M. Hastfer, prescrit des remèdes sudorifiques, sous une forme sèche, pour guérir cette maladie. Il proscrit la boisson, tant que les moutons