Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/41

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nous entrerons dans de plus grands détails sur ses usages, ses propriétés, l’emploi dont il peut être pour les engrais en agriculture, pour le chauffage, les arts & les manufactures.

Description du Charbon de terre. Le charbon de terre est une substance minérale susceptible de s’enflammer, de conserver le feu plus long-temps & de produire une chaleur plus vive qu’aucune autre substance connue. Sa couleur est noire en général ; il est plus ou moins sec, & plus ou moins friable, quelquefois assez compacte, quelquefois feuilleté, mais toujours imprégné d’une matière bitumineuse abondante. Si vous brisez un morceau de charbon de terre, les grains paroissent toujours anguleux, d’un noir de différentes nuances depuis le brillant jusqu’au mat. Sa solidité varie aussi. Certaines veines de charbon de terre en fournissent d’assez dur pour que l’on soit obligé de se servir d’une masse de fer pour le briser. C’est pour cette raison que dans quelques provinces de France on le nomme charbon de pierre. D’autres fois il est friable & presque terreux. Souvent la même veine produit ces deux espèces. Le charbon de terre exposé à l’air pendant quelque temps subit des altérations assez variées, qui dépendent des principes qui le composent, il se délite & se brise de lui-même, il tombe en efflorescence, il se recouvre d’une poussière rougeâtre ferrugineuse. Dans les grandes chaleurs l’ardeur du soleil fait quelquefois suinter l’huile tenace & le bitume dont il est imprégné : en un mot, d’après l’observation constante de ceux qui en font usage, les charbons de terre trop long-temps exposés à l’air, deviennent moins propres à entretenir le feu ; très-peu de charbon y reste intact & solide. Tels sont les caractères extérieurs du charbon de terre, qui l’empêchent d’être confondu avec les bitumes proprement dits, le charbon de bois fossile, & les tourbes.

Quoiqu’il soit une vraie concrétion bitumineuse, la grossièreté des parties qui le composent, & la manière dont il se comporte au feu, empêcheront toujours de le confondre avec les bitumes solides, tels que le jayet, l’asphalte, & les terres bitumineuses tels que l’ampélite. Le systême, que le charbon de terre étoit dû à la décomposition de vastes forêts ensévelies dans la terre par de grandes révolutions, & l’empreinte des plantes qu’il porte souvent, a conduit nécessairement quelques Auteurs à le confondre avec le charbon de bois fossile que l’on rencontre quelquefois dans la terre ; mais la nature même de ce dernier, qui a encore tous les caractères d’un vrai bois brûlé & pyriteux, établit entr’eux une grande différence ; enfin, le tissu fibreux des branches, les racines, les parties végétales entrelacées les unes dans les autres, dont la tourbe n’est que le résultat, son peu de solidité, sa forme même s’opposeront toujours à ce qu’on la confonde avec le charbon de terre.

Espèce de charbon de terre. De cette confusion même que l’on a mise entre ces différentes substances, on doit en conclure, qu’il règne une très-grande variété dans les charbons de terre pour l’apparence extérieure. En général on peut en distinguer deux espèces principales, dont toutes